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Jean-Jacques Goldman, de Taï Phong à « Je marche seul »…

Jean-Jacques Goldman, de Taï Phong à « Je marche seul »…

Démodé, minoritaire, non-homologué. Autant de termes qui définissent la personnalité préférée des Français pourtant disparue des radars médiatiques, Jean-Jacques Goldman.
Si vous connaissez les « Red Mountain Gospellers« , « Phalanster » et « Taï Phong« , vous êtes fan d’un des rares artistes qui évite la surmédiatisation. Ayant commencé le violon puis le piano à 11 ans, l’éclaireur de France a toujours joué de la musique pour le plaisir. Une guitare, une chanson, des accords et un texte sont les instruments nécessaires à créer l’émotion née d’une étincelle. Jean-Jacques Goldman va prouver en 9 albums studio et un nombre incalculable de collaborations qu’il est l’un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus doués de sa génération. Par ailleurs, « Famille » n’est pas un mot vain pour celui qui considère Aretha Franklin comme une révélation musicale.

 

QUAND LA MUSIQUE EST BONNE

Après avoir obtenu un diplôme EDHEC et effectué son service militaire, il rencontre les frères Maï qui créent le quintette Taï Phong (« grand vent » en Vietnamien). Un rock symphonique influencé par Genesis période Peter Gabriel. En 1975, le slow « Sister Jane » qui est un hommage au Velvet Underground va se vendre à 200 000 exemplaires et révéler l’artiste. Un an plus tard pour la sortie du deuxième album, Goldman quitte le groupe privilégiant une musique plus émotionnelle que technique. Désormais seul, il publie plusieurs 45 tours qui passent inaperçus (en Français et en Anglais) mais qui donnent la direction d’une carrière en attente d’être révélée. En cas d’échec, il est prêt à continuer la vente de vêtements de sport dans la boutique familiale. Goldman réapparaît au sein de son ancien groupe en 1979 pour le troisième album et rencontre un musicien décisif pour la suite : Michael Jones.
Jean-Jacques GOLDMAN et Michaël JONES – Tournée rouge au Zénith de Pau en mai 1994.
A 28 ans, il signe un contrat chez EPIC et va enregistrer son premier album solo. L’univers du chanteur s’éclaircit et le refus de se conformer à l’ordre établi est un thème évident (« Sans Un Mot »). Même si « Il Suffira d’Un Signe » devient son premier tube alors que Balavoine et Berger caracolent en tête des hits parades, « Pas l’Indifférence » est la grande chanson d’un album qui aurait du s’appeler « Démodé » (titre refusé par la maison de disques). Après une première apparition chez Drucker (et un faux départ du magnéto playback), Goldman va confirmer son talent en 1982 en publiant un second album comprenant 3 titres imparables : « Quand La Musique Est Bonne », « Au Bout De Mes Rêves » et « Comme Toi ». L’hommage au blues et à la guitare est évident (Tobacco road / Gibson) et ces 3 chansons deviendront des incontournables sur scène. Les textes deviennent importants et le génocide Juif qui inspire la vie de Sarah sur fond de violon tzigane en est le plus bel exemple.

 

FAMILLE

Jean-Jacques arrête de travailler à Montrouge le 31/12/1982 pour se consacrer uniquement à sa carrière musicale. Un an plus tard sort  « Positif », son troisième album. Le message du single « Envole-Moi » est clair : « Si tu ouvres des livres pour t’instruire, tu t’en sortiras ! » Ce disque correspond à la rencontre du réalisateur Bernard Schmitt et la première tournée du chanteur. Se voyant plus comme un musicien de studio que comme un chanteur fédérateur, Jean-Jacques a peur et ses premières performances ne sont pas des plus convaincantes. Roland Romanelli, prof Pinpin et Michael Jones sont de l’aventure qui les mènera aux premiers Olympia Parisiens.
1985 : Goldman publie « Non Homologué » considéré comme l’album de la maturité. « Je Te Donne » est un 45 tours qui reste 8 semaines en tête du top 50 et « Famille » devient le titre préféré des fans. C’est celui-ci que l’artiste jouera bien des années plus tard sur la tournée des Enfoirés pour faire patienter le public entre deux changements de décor. Il ne « marche pas seul » contrairement à  sa chanson et on peut « compter sur lui ». Dans toutes les interviews visibles (et parfois lisibles), il est facile de constater que Jean-Jacques n’aime pas parler de lui-même. L’important est dans ses textes et il n’hésitera pas à se payer une double page dans un célèbre quotidien national pour remercier le public alors qu’une presse « poubelle » qualifie le chanteur d’artiste à midinettes. A la demande de Coluche, il crée en 2 jours la chanson des restos du cœur et sera très touché par la mort prématuré du comique comme par celle de Balavoine le 14/01/1986.
En 1987, le chanteur sort l’album le plus abouti de sa carrière baptisé « Entre Gris Clair Et Gris Foncé ». Composé de chutes de studio et de nouvelles compositions, ce double album électrique / acoustique va au bout des choses. Du titre « Il Changeait La Vie » (dont se servira le candidat à la présidentielle Jospin en 1995) à « Doux », l’artiste exploite ses nombreux talents et se produira à 147 reprises pour cette tournée qui passera en Afrique.

 

ROUGE

Après avoir enregistré la bande originale du film « L’Union Sacrée » avec Roland Romanelli, Jean-Jacques souhaite se renouveler et écrire pour les autres. Pagny, Noah, Patricia Kaas, Lavoine, Johnny Hallyday, Khaled et bien sûr Céline Dion sont les collaborations qu’il va (entre autres) réaliser. De son côté, il partage l’affiche avec Carole Fredericks et Michael Jones pour deux albums qui recèlent quelques perles (« Né en 17 », « Nuit »). Il partage sa scène avec les chœurs de l’ex armée rouge pour un final dantesque. Cette parenthèse souligne l’attachement de l’artiste aux musiciens et aux valeurs véhiculées dans ses chansons. A l’issue, Goldman revient seul avec l’un de ses albums les plus personnels, « En Passant ». Certains membres du groupe Canada continuent de l’accompagner en studio comme sur scène. « Sache Que… », « Bonne Idée » et « On Ira » sont des cartons radiophoniques aux textes qui reflètent l’amour et l’envie d’évasion. Cette période correspond à son divorce, il se remarie 4 ans plus tard à l’aube de la sortie de son dernier album « Chansons Pour Les Pieds ». Ce 9ème disque intègre plusieurs styles musicaux (canon, gigue, disco, rock…) et la pochette est illustrée par Zep, père de Titeuf. Carole Fredericks décède en juin 2001 et ne pourra prendre part aux sessions d’enregistrement mais un vibrant hommage lui sera rendu en concert (sur « Juste Après ») comme l’artiste le fit pour Sirima en 1990 (« Là-Bas ») dont les couplets étaient chantés par le public. Des instants d’émotion qui se vivent plus facilement qu’ils ne se racontent.
Les prestations scéniques redoutées par le chanteur au début des 80’s deviennent de plus en plus plaisantes au fil des spectacles. Comme me confiera Maxime Le Forestier en interview, Jean-Jacques préfère regarder le journal télévisé dans son canapé à 20h plutôt qu’être acclamé par 7000 personnes au zénith de Paris… quoiqu’il en soit, il aura surpris ses fans à toutes nouvelles tournées en revisitant son répertoire et en innovant sa mise en scène. Le côté humain que dégage l’artiste est pour beaucoup dans sa notoriété et nous sommes nombreux à rêver de prendre un café durant 10 minutes avec lui ! Une question récurrente demeure : « Pourquoi ne pas avoir fait une tournée d’adieu pour remercier vos fans ? » Si vous visionnez la vidéo « Traçes » sortie en 1989 et jadis publiée en VHS (disponible en DVD), il est possible de déceler le départ prématuré de l’artiste. Il y joue le rôle de son fils qui recherche son père chanteur disparu !

 

En attendant, son (vrai) fils Michael continue de faire vivre la génération Goldman, Michael Jones assure l’héritage et le tribute Goldmen remplit toutes les salles. Après 20 ans d’absence, l’artiste n’a toujours pas fini de faire parler de lui même s’il ne reviendra jamais, à mon grand regret.

 

Diego OnTheRocks