10 ans de carrière, 3 albums et un prix au festival Cognac Blues Passions en 2024 permettent à Jessie Lee & The Alchemists de revenir en Charente pour fouler la grande scène avant Keziah Jones. Le groupe de modern-blues-rock co-leadé par la chanteuse-guitariste Jessie Lee et le guitariste-compositeur Alexis « Mr Al » Didier bénéficie d’une section rythmique qualitative (Laurent Cokelaere à la basse / Stéphane Minana à la batterie) et d’un organiste formé au son des Beatles, Laurian Daire.
Avec des influences nourries et variées, Jessie Lee & The Alchemists a su se faire remarquer positivement des critiques dès leurs deux premiers albums et ont fait la première partie de Jeff Beck. Avec « Legacy » publié en juillet 2025, le groupe transforme l’essai et Luxe Infinity a pu les rencontrer à l’issue de leur prestation au Cognac Blues Passions. L’interview :
Diego : Quel est votre sentiment de revenir au Cognac Blues Passions un an après avoir obtenu le prix du festival ?
Jessie : C’est cool. C’est une rare opportunité de se présenter deux années de suite au même festival et de pouvoir jouer sur la grande scène. C’est une fierté qui coïncide avec le jour de sortie de notre troisième album, une manière de remercier l’organisation du festival par ce clin d’œil voulu.
Diego : Et je n’ai aucun doute sur une future prestation dans quelques années pour défendre un nouveau disque ! Quel retour d’expérience faites-vous de l’album « Let It Shine » sorti en mai 2021 ?
Jessie : La tournée a été longue et nous le défendions encore fin 2024. Il nous a permis de jouer en Europe, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique.
Alexis : La culture musicale de ces pays est différente et ils ont une vraie passion pour le blues que l’on ne retrouve pas nécessairement en France.
Jessie : Beaucoup d’artistes ne viennent pas en France pour ajouter des dates dans ces pays plus connaisseurs. Nous publions tous les 3/4 ans un nouvel album et faisons en sorte qu’il n’y ait aucun morceau de remplissage. Nous publions 11 titres dans « Legacy » et à notre goût, aucun n’est moins fort qu’un autre. Nous ne composons pas dans la précipitation et aimons roder sur scène nos nouvelles chansons avant de les enregistrer.

Diego : Donc le ressenti du public peut jouer sur un nouveau titre ?
Laurian : Sur le nouvel album, tous les titres ont fait l’unanimité !
Diego : Parlez-moi de « Legacy » !
Laurian : Le disque a été enregistré en banlieue Parisienne, au studio Midilive de Villetaneuse. Ce sont les anciens studios de Vogue.
Alexis : Comme ses prédécesseurs, cet album a mûri en live et en groupe. Moins de production mais plus d’ouverture que « Let It Shine », « Legacy » permet de revenir sur nos débuts avec des morceaux créés en jam.
Diego : Est-ce que par jam, tu veux dire qu’il sont joués en boucle en studio ?
Alexis : Non, le but est de créer des morceaux ouverts aux possibilités offertes par nos instruments à ajouter tel ou tel passage.
Jessie : Le côté « jam-band » est l’héritage du rock sudiste style Allman Brothers. Évidemment, il y a une structure avec couplet-refrain mais l’ouverture instrumentale est permanente et nous ne regardons pas la durée des morceaux. Sur scène, nous communiquons par signes et les concerts sont tous différents. Cela évite une lassitude et nous avons choisi cette formule pour nous faire plaisir autant qu’aux spectateurs.
Alexis : Les morceaux sont pensés dans leurs compositions pour avoir une certaine liberté et une fraîcheur perceptible.
Jessie : Sur certaines plages, on sait qu’on a carte blanche…
Alexis : Tout comme nos références musicales que sont Jeff Beck, Chuck Berry, Allman Brothers, Aretha Franklin, Eric Clapton et Edgar Winter pour ne citer que les principales.

Diego : N’y a t’il pas eu un passage de « Grease » dans votre dernier concert ?
Laurent : C’est plus qu’un clin d’œil !
Jessie : Notre disque s’appelle « Legacy » car nous souhaitions rendre hommage à nos influences blues, rock, soul, jazz, new orleans et Jessie Lee & The Alchemists berce dans l’éclectisme avec des compositions originales. En aucun cas tu ne trouveras qu’un seul style dans notre musique !
Alexis : L’avantage du studio Midilive est que nous pouvons tous jouer ensemble en nous regardant. C’est l’endroit où nous avons tourné le clip « I’m Gonna Play The Blues » et les images sont tirées de l’enregistrement du disque.
Diego : Et cette nouvelle tournée presque enchainée à la précédente, comment se passe t’elle ?
Jessie : Super et nous sommes en pleine tournée de festivals. Jouer en plein air est différent et notre passage en Allemagne a été très convaincant. Presse et public sont unanimes.
Diego : Jessie, comment es-tu tombée dans la musique ?
Jessie : J’ai commencé à 6 ans à apprendre la guitare et j’ai chanté quasiment en même temps. De 6 à 15 ans, j’ai pris des cours de guitare avant d’entamer une école de musique et d’étudier en profondeur. Je n’ai pris des cours de chant qu’après 18 ans. J’ai grandi dans une famille musicale, mon père jouait de la basse et je suis montée jeune sur scène. Même si l’idée d’en faire un métier n’a pas toujours été simple, aujourd’hui il semblerait que j’ai fait le bon choix !

Diego : Sur scène, j’ai remarqué qu’Alexis tu avais un mimique flagrant avec la bouche !
Alexis : Je chante mes notes ! C’est une façon d’habiter la musique et de dépasser la problématique de l’instrument. J’y mets le plus de moi-même !
Jessie : Et je l’entends les chanter lorsque je m’approche de lui ! « Ti-dam-de-ti-dam-de bé… »
Diego : On sent qu’il le vit des santiags jusqu’au bout de la langue ! Sinon, le groupe est plutôt Cognac, whisky, bière ou autres ?
Le groupe : L’année dernière, nous avons remporté une superbe bouteille de Cognac de 3 litres à notre nom. Nous l’avons entamée seulement hier pour fêter la sortie de l’album ! Dans Jessie Lee & The Alchemists, il y a un grand fan de Cognac et 4 buveurs d’eau… (rires)
Diego : Avez-vous un rituel avant d’entrer en scène ?
Jessie : « Dépêche-toi ! t’es en retard !!! » Voilà notre rituel ! (rires)
Alexis : Selon les scènes, cela peut arriver mais aucun rituel d’habitude.
Diego : Quelles sont les 5 minutes artistiques les plus importantes du groupe depuis sa création ?
Jessie : Laurian est venu jouer sur un de mes albums alors que je n’avais que 15 ans car il connaissait mon père. Nous nous sommes retrouvés quelques années plus tard, le projet est né vers 2011-2012 alors qu’Alexis était prof où je prenais des cours sur Paris et Laurent dispensait une masterclass. C’est un « peu » Laurent qui nous a réuni et cela est devenu une évidence de composer tous les cinq (avec l’ancien batteur).
Diego : Donc tes 5 minutes les plus importantes sont plutôt 5 années, de 2011 à 2015 ? (rires)
Jessie : Le déclencheur c’est 2012. On se connait de longue date et nous nous sommes retrouvés.
Alexis : Nous sommes tous liés à l’apprentissage, Jessie passait son DEM au conservatoire de Paris où j’enseigne toujours. Le projet a commencé dans des clubs, nous l’avons accompagnée pour son diplôme et de fil en aiguille, l’envie d’un premier album est née.
Diego : En fait, vous êtes un groupe familial ! Vous n’êtes pas cinq musiciens qui jouent de leurs côtés mais un groupe qui joue ensemble. Bravo pour ça car cela s’entend ! Pour finir, quels sont les plus beaux concerts que vous avez vécus en tant que spectateurs ?
Le groupe : Johnny Winter à Massy, The Who à la fête de l’huma, Jeff Beck à Paris, Magma, John Scofield qui continue indéfiniment, Mandrill au New Morning en 2000, Paul McCartney…
Diego : Merci à vous !
Le groupe : A bientôt !
Photos : Denis Darotcheche
Remerciements : Sophie Louvet & Bruno Labati / Aude du Cognac Blues Passions.
































