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La Galerie Anne-Sophie Duval reconstitue la salle de bain de Rateau à FAB Paris 2023

La Galerie Anne-Sophie Duval reconstitue la salle de bain de Rateau à FAB Paris 2023

De 1920 à 1928, Rateau a créé plusieurs ensembles de meubles et de décors dont certains sont devenus célèbres. Pour Fine Arts La Biennale Paris (FAB) , du 22 au 26 novembre 2023, la Galerie Anne-Sophie Duval va reconstituer la salle de bain créée spécialement par Armand-Albert Rateau pour Paul Dubonnet et sa flamboyante épouse Jean Nash.

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Les meubles qu’il conçoit spécifiquement pour des clients exclusifs, comme les pièces en bronze ou en chêne sculpté, sont produits en nombre limité. Ses premières pièces sont destinées à la résidence privée new-yorkaise de George et Florence Blumenthal, puis à la décoration de leur appartement parisien et de leur château de Malbosc, près de Grasse. Au début des années 1920, il conçoit pour Jeanne Lanvin le décor de sa résidence privée et pour la duchesse d’Albe la salle de bains de son palais de Madrid, qu’il a ensuite recréé à Paris lors de la célèbre Exposition internationale des arts décoratifs de 1925. Les clients parisiens sophistiqués pouvaient alors découvrir les élégants meubles en laque d’or et en bronze qu’il avait créés pour la duchesse en visitant la galerie Seligman, place Vendôme, lancée par la carrière de Rateau. Au cours de ces années charnières, la créatrice de mode Jeanne Lanvin confie également à Rateau la décoration de son hôtel particulier où il crée un décor de faune et flore similaire pour un ensemble de somptueux paravents en laque sombre et or, aujourd’hui exposés au musée des Arts Décoratifs de Paris (MAD).

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Ces deux ensembles de panneaux de la galerie Seligman, aujourd’hui exposés à la galerie Anne-Sophie Duval, étaient bien connus grâce à des publications. L’un d’eux représente un couple de faisans-paons se faisant face, reposant sur des vignes entourées de feuilles en forme de cœur et de fougères descendantes. La seconde série représente un cerf poursuivant un couple de perdrix caché dans une luxuriante forêt végétale, illustrée par une variété de plantes (peupliers, pruniers du Japon, oliviers, fougères, agapanthes…). Après l’exposition de 1925 à la galerie Seligman, seuls quelques panneaux ont été conservés dans une collection privée, où ils sont restés oubliés pendant près de 100 ans.

La salle de bain bysantine

En 1928, Armand-Albert Rateau crée une grande salle de bains en marbre et mosaïque d’inspiration byzantine pour Paul Dubonnet, riche homme d’affaires et héritier de la société d’apéritifs Dubonnet. Le plan symétrique et octogonal de la salle de bains, couverte d’un dôme doré à la feuille (aujourd’hui reconstitué), fait référence à l’architecture romaine tardive comme la basilique de Ravenne ou la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle, construite au VIIIe siècle.

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Composée de matériaux traditionnels tels que le marbre de Hauteville, le bronze, le stuc doré, la mosaïque et les miroirs, l’harmonieuse palette de la salle de bains décline les tons corail, or et noir. Le sol en mosaïque est centré sur une étoile à huit branches, référence à « l’étoile d’Andalousie », motif récurrent de l’architecture d’Al-Andalus, symbolisant Ishtar, déesse de l’amour et de la guerre souvent associée à l’étoile de Vénus. Cet hommage à la féminité évoque la personnalité flamboyante de Jean Gazley-Donaldson, dite Jean Nash, l’élégante épouse américaine de Paul Dubonnet.

Le dôme est soutenu par huit colonnes (H. 245 cm) placées à chaque coin. Les bases des colonnes en stuc peint sont sculptées de feuilles de lotus dentelées et décorées à la feuille d’or. Elles sont surmontées d’un chapiteau doré à motif de feuilles stylisées de style néo-égyptien. Les portes miroir de part et d’autre sont encadrées de deux colonnes. Visuellement, le nombre des colonnes renforce le lien entre le sol et le dôme.

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Tandis qu’une porte monumentale en miroir mène au passage principal, quatre portes en miroir situées dans les angles de la salle de bain créent des reflets infinis qui multiplient la lumière dans cet espace clos. Quatre portes miroir avec une frise de lauriers patinée devaient conduire certainement à des cabinets ou des placards cachés. Les poignées en bronze rappellent habilement la flore évoquée par les robinetteries pour la vasque et la baignoire.

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Très souvent dans les salles de bains signées Rateau, la baignoire est placée dans une alcôve encadrée par deux colonnes. La baignoire est taillée dans une seule pièce de pierre de Hauteville et surélevée de deux marches, rappelant la forme d’une cuve romaine. Sans doute inspirée des baignoires en porphyre de la collection Borghèse du Louvre, ce cuve à l’anneau de face nous ramène au monde antique. La sophistication des détails est soulignée par une double ligne horizontale sculptées dans la pierre et des rosaces en forme de deux porte-savons.

La vasque de forme bassin est également sculptée dans un seul bloc de pierre de Hauteville, et les robinets en bronze sont flanqués de deux porte-savons gravés.

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De nombreux éléments en bronze viennent souligner cette palette de tons marmoréens, tels les bronzes aux aigles, les bronzes aux oiseaux, les appliques aux papillons, les fixations de miroir aux marguerites et les supports tablettes aux bourgeons.

La Galerie Anne-Sophie Duval

La galerie Anne Sophie Duval est située dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle au 5 quai Malaquais à Paris, sur le site de la mythique librairie Honoré Champion, elle est spécialisée dans les arts décoratifs et ceux du XXe siècle, ouverte depuis 50 ans, et est l’adresse incontournable de collectionneurs et décorateurs.

Anne Sophie Duval, fille de l’antiquaire Yvette Barran, est passionnée très tôt pour les arts décoratifs du XXe siècle et ouvre sa propre galerie en 1972. « Le grand Art dé, où le mobilier a été conçu par des architectes et où le raffinement est tout en simplicité, exprimant la beauté à travers des formes et des volumes simples », voilà ce qu’elle aime à affirmer. La même année où la galerie ouvre, Anne Sophie Duval présente son image à la Biennale des Antiquités de Paris avec un stand élégant et original, entièrement réalisé par le créateur Karl Lagerfeld. 1972 est aussi l’année de la célèbre vente Jacques Doucet, où le monde de l’art redécouvre le meilleur de l’art d’avant-garde des années 1930.

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Depuis 2008, sa fille Julie Blum a repris la direction de la galerie de manière intuitive et inspirée. Ainsi, elle perpétue l’œuvre de trois générations d’antiquaires passionnées, une rareté dans un métier empreint de masculinité… Architecte de formation et sensible aux créations contemporaines, elle continue de mettre en valeur les artistes cultes de l’époque (Chareau, Rateau, Frank) qui ont fait la renommée de la galerie tout en mettant en avant des créateurs plus confidentiels. Afin de perpétuer l’âme de ce lieu, elle poursuit l’esprit de redécouverte des principales œuvres des maîtres des arts décoratifs, sans oublier de mettre en valeur les œuvres des nombreux artistes hommes et femmes qui ont contribué au renouveau des formes modernes.

Galerie Anne-Sophie Duval | 5, quai Malaquais 75006 Paris | www.annesophieduval.com | Instagram galerie.annesophieduval | galerie@annesophieduval.com | +33 (0)1 43 54 51 16

Informations pratiques

FINE ARTS LA BIENNALE PARIS

Grand Palais Ephémère – 2, Place Joffre, 75007 Paris

Ouverture au public du mercredi 22 au dimanche 26 novembre 2023 / Vernissage presse : mardi 21 novembre de 12h à 14h / Dîner de Gala : lundi 20 novembre / Vernissage : mardi 21 novembre de 14h à 22h www.fabparis.com

EmaLynnx

Légendes : 1/ ARMAND-ALBERT RATEAU (1882-1938) – Salle de bain byzantine – Marbre de Hauteville, mosaïque, bronze, miroir, stuc et feuille d’or – c. 1928 – Dimensions : H. 360 cm x L. 480 cm x l. 400 cm – Provenance : M. et Mme Paul Dubonnet, Neuilly-sur-Seine. 2/ ARMAND-ALBERT RATEAU (1882-1938) Deux paires de panneaux décoratifs laqués Bois, laque et feuille d’or 1925 Dimensions : H.94.49 x L. 20.47 in. (chacune) Provenance : Galerie Seligman, Paris Famille Rateau 3/ Julie Blum a pris la direction de la Galerie Anne-Sophie Duval en 2008.