Chaque printemps en mai, les vitrines se parent de bouquets colorés, les restaurants affichent des menus spéciaux, et les enfants bricolent avec amour de petits cadeaux. La Fête des Mères, célébrée aujourd’hui dans de nombreux pays, est devenue un rituel à la fois intime et commercial. Mais au-delà des colliers de nouilles et des messages tendres, cette fête puise ses racines dans une histoire étonnamment ancienne et plurielle.
Des racines antiques
Bien avant que les calendriers modernes ne lui consacrent un dimanche, la maternité était déjà célébrée dans l’Antiquité. En Grèce, les festivités en l’honneur de Rhéa, la mère des dieux de l’Olympe, symbolisaient la fertilité et la protection. Chez les Romains, c’est la déesse Cybèle, également associée à la maternité, qui était au cœur de célébrations printanières appelées les Matronalia, dédiées aux femmes et aux mères.
« Le cœur d’une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon. » Honoré de Balzac
Du culte religieux à la reconnaissance sociale
Au fil des siècles, la notion de « Fête des Mères » a évolué. En Angleterre, le Mothering Sunday, célébré au XVIe siècle pendant le carême, permettait aux domestiques de retourner dans leur paroisse d’origine pour passer la journée avec leur mère. Ce jour était aussi l’occasion d’offrir des gâteaux et de prier pour sa famille.
Mais c’est véritablement au début du XXe siècle que la Fête des Mères prend une tournure plus moderne, notamment aux États-Unis, grâce à Anna Jarvis. En 1908, cette Américaine organise une cérémonie en mémoire de sa propre mère, militante pour les droits des femmes et la paix. Son initiative prend rapidement de l’ampleur, et en 1914, le président Woodrow Wilson officialise le Mother’s Day comme fête nationale, célébrée le deuxième dimanche de mai.
« Dieu ne pouvait être partout, alors il a créé les mères. » Proverbe juif
En France, un hommage aux mères de familles nombreuses
La France adopte l’idée un peu plus tard. En 1920, une « Journée des mères » est organisée pour récompenser les mères ayant eu plusieurs enfants — un geste symbolique dans un contexte d’après-guerre, où la natalité est un enjeu national. Ce n’est qu’en 1950, sous la présidence de Vincent Auriol, que la Fête des Mères devient une célébration officielle fixée au dernier dimanche de mai (ou le premier dimanche de juin si la Pentecôte tombe le même jour).
Une fête universelle aux visages multiples
Aujourd’hui, la Fête des Mères est célébrée dans plus de 70 pays, bien que les dates varient. En Thaïlande, elle est fêtée en août pour coïncider avec l’anniversaire de la reine mère Sirikit. En Éthiopie, elle est liée à une fête traditionnelle après la saison des pluies. Malgré les différences culturelles, le message reste universel : rendre hommage à celles qui donnent la vie, éduquent, aiment et transmettent.
« Le futur d’un enfant est l’œuvre de sa mère. » Napoléon Bonaparte
La mère, muse intemporelle de l’art et de la littérature
La maternité a de tout temps inspiré les artistes, écrivains et poètes, qui ont vu dans la figure maternelle un symbole de tendresse, de force et de sacrifice. Dans la littérature, Marcel Proust fait de sa mère une figure centrale, notamment dans Du côté de chez Swann, où le simple baiser du soir devient un rituel chargé d’émotion. En poésie, Victor Hugo bouleverse avec ses vers dédiés à sa fille Léopoldine, mais c’est aussi dans Les Contemplations qu’il évoque le souvenir de sa propre mère avec une infinie douceur.
Du côté des arts visuels, la maternité est sublimée par les tableaux de Mary Cassatt, grande peintre impressionniste américaine, qui a consacré l’essentiel de son œuvre à représenter l’intimité mère-enfant. La Vierge à l’enfant, motif central de l’art religieux occidental, incarne depuis des siècles l’amour maternel dans toute sa dimension sacrée. Plus récemment, le cinéma s’est emparé du sujet avec des films émouvants comme Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar, ode à la résilience féminine et à l’amour inconditionnel.
Une fête entre amour sincère et marketing
Comme Noël ou la Saint-Valentin, la Fête des Mères n’échappe pas à la récupération commerciale. Fleuristes, bijoutiers et grandes surfaces rivalisent d’ingéniosité pour séduire les enfants, les conjoints et même les entreprises. Mais au-delà des cadeaux, ce jour reste l’occasion précieuse de dire « merci » — avec des mots, un regard, un geste ou un souvenir partagé.
Chaque année, les cadeaux les plus offerts à la Fête des Mères reflètent un savant mélange de tradition et de tendresse. En tête de liste, les fleurs, notamment les roses et pivoines, restent un classique indémodable. Viennent ensuite les chocolats, les bijoux personnalisés, ou encore les bons pour des soins bien-être (massages, spas, coffrets beauté).
De plus en plus de familles optent aussi pour des expériences partagées, comme des sorties ou des ateliers. Et bien sûr, les cadeaux faits main, souvent confectionnés par les enfants, conservent une place à part dans le cœur des mamans : simples, imparfaits parfois, mais toujours empreints d’un amour sincère.
« Une mère est la seule personne qui vous aime avant de vous connaître. » Joan Davis
Et si, finalement, la Fête des Mères nous rappelait simplement que l’amour maternel, sous toutes ses formes, mérite d’être célébré chaque jour ?
Ema Lynnx