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Un rassemblement écologique à Berlin pour la sensibilisation à la protection de la faune et la flore de l’Antarctique

Un rassemblement écologique à Berlin pour la sensibilisation à la protection de la faune et la flore de l’Antarctique

Alors que les représentants de plusieurs grands pays se sont réunis pour discuter et négocier des mesures de protection de l’Antarctique et de l’océan Austral lors de la réunion consultative du traité sur l’Antarctique (ATCM) à Berlin, un groupe d’organisations environnementales allemandes a organisé un rassemblement vendredi pour sensibiliser le public à la menace croissante qui pèse sur l’Antarctique, où le réchauffement entraîne la fonte des plates-formes de glace flottantes.

Le 27 mai dernier, entre 12h00 et 14h00, l’Antarctic and Southern Ocean Coalition (ASOC), Greenpeace Allemagne, UNLESS, Deutsche Umwelthilfe, Pew Bertarelli Ocean Legacy, Fridays for Future Deutschland, Scientists For Future, et AWI’s for Future se sont réunis à la Porte de Brandebourg à Berlin pour défendre la conservation de l’Antarctique alors que les délégués des pays se réunissent pour la réunion consultative du Traité sur l’Antarctique, qui s’est tenue du 23 mai au 2 juin.

Porteurs d’un message fort pour les dirigeants mondiaux, les participants à ce rassemblement étaient composés d’aventuriers, de scientifiques et de militants, qui ont partagé leurs expériences et leurs idées à propos de leurs expéditions en Antarctique, de la biodiversité, du manchot empereur, des aires marines protégées et d’autres sujets concernant l’Antarctique. Le message était clair… « L’Antarctique a besoin d’une protection urgente et immédiate (…) Ce continent dédié à la paix et à la science présente une immense diversité d’espèces. Il doit être protégé et la conservation marine doit être une priorité ».

Ces manifestants écologiques ont mis l’accent sur le rôle crucial que jouent l’Antarctique et l’océan Austral dans la stabilisation du climat, du stockage du carbone et de ses eaux qui fournissent des nutriments aux poissons du monde entier. Dans une galerie extérieure aménagée, les organisateurs ont exposé de magnifiques images de l’Antarctique, prises par le célèbre photographe John Weller, ainsi que des projections de quelques courts métrages sur un écran LED, le tout accompagné de musique, de slam et de poésie. L’événement s’est déroulé dans une langue mixte, en anglais et en allemand.

Mais le message le plus fort était probablement l’exposition d’une sculpture de glace en forme de pingouin en train de fondre. Construit par l’Aide allemande pour l’environnement (DUH), la Coalition pour l’Antarctique et les océans du Sud (ASOC) et d’autres organisations, cette sculpture haute de plus d’un mètre et demi visait à symboliser la pression exercée sur la faune et la flore de la région, selon les groupes.

Quelque 800 personnes se sont jointes à la manifestation, dont beaucoup portaient des pancartes, a indiqué un porte-parole. Elles ont demandé que des mesures soient prises pour protéger les zones marines et la faune de l’Antarctique, lors d’un rassemblement qui coïncidait avec la conférence sur l’Antarctique qui se tient à Berlin jusqu’au 2 juin et la réunion des ministres de l’environnement, du climat et de l’énergie du Groupe des sept (G7) principales nations industrialisées. Ces deux réunions clés représentent des occasions cruciales de sensibiliser le public au nombre croissant de menaces auxquelles l’Antarctique est confronté.

La protection du manchot empereur figure parmi les sujets à l’ordre du jour de la conférence sur le traité de l’Antarctique, mais les organisateurs ont souligné que les menaces posées par la crise climatique vont bien au-delà. La fonte des calottes glaciaires constitue une menace croissante pour la nature et l’humanité. Pour contrer ces effets néfastes du changement climatique, les militants appellent à la création d’un réseau d’aires marines protégées.

Retour sur la réunion consultative du Traité sur l’Antarctique et ASOC

Depuis l’entrée en vigueur du traité sur l’Antarctique en 1961, les représentants des nations participantes se réunissent régulièrement pour la réunion consultative du traité sur l’Antarctique (ATCM). La 44e réunion consultative du traité sur l’Antarctique, qui s’est tenue du 23 mai au 2 juin 2022, a été organisée par l’Allemagne à Berlin. Les sujets à l’ordre du jour comprennent des questions d’actualité relatives à l’Antarctique et à l’évolution du continent le plus froid de notre planète.

Le traité sur l’Antarctique occupe une place particulière dans la politique internationale. Il est considéré comme l’un des plus grands succès de tous les accords internationaux. Lorsque cette alliance a été lancée, la guerre froide était à son apogée. Il est donc étonnant que les États aient pu se mettre d’accord pour utiliser l’Antarctique exclusivement à des fins pacifiques. Ainsi, une confrontation militaire sur des revendications territoriales non clarifiées en Antarctique a été évitée. Grâce au traité, l’Antarctique reste à ce jour un continent démilitarisé et exempt d’armes nucléaires.

Dans le même temps, le traité a créé une nouvelle dimension de coopération multilatérale sur la base de recherches communes. Il en résulte une coopération scientifique et logistique pacifique entre les parties contractantes en Antarctique « dans l’intérêt de l’humanité tout entière », comme le dit le préambule du traité. De nombreux accords plus récents ont été orientés vers l’idéal du Traité sur l’Antarctique.

À la suite de la reconnaissance de la nécessité de protéger l’environnement de l’Antarctique, le Protocole au Traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement a été signé au début des années 1990. Ce protocole désigne l’Antarctique comme « une réserve naturelle, consacrée à la paix et à la science ». Aujourd’hui encore, il est considéré comme un excellent exemple de protection internationale de l’environnement. L’entrée en vigueur du protocole en 1998 a également entraîné la création du Comité pour la protection de l’environnement (CEP), qui conseille les parties contractantes sur les questions environnementales en Antarctique. Cet organe a tenu sa 24e réunion à Berlin, parallèlement à l’ATCM, et préparera les décisions relatives à l’environnement pour l’ATCM.

Lors de cette 44e réunion, l’ambassadeur argentin Fausto Lopez Crozet a ainsi déclaré : « Il y a un élément innovant dans cette ATCM, en particulier. Nous allons nous réunir en présentiel, mais d’autres personnes auront la possibilité de participer à cette réunion de manière virtuelle. D’une part, nous contribuons à réduire notre empreinte carbone, mais nous avons également la possibilité d’ajouter de la valeur et de bons conseils de la part de nos experts qui ne voyagent pas pour la réunion mais qui y participent. »

Des propos qui ont été renforcés par les paroles de Miriam Wolter, qui s’exprime en ces mots : « Je voudrais souligner l’attention particulière que nous portons au manchot empereur. Il est la mascotte de l’Antarctique, mais il est aussi, malheureusement, le symbole des effets du changement climatique. À long terme, nous aimerions que cette espèce soit placée sous le régime du protocole sur la protection de l’environnement. Bien sûr, ce ne sera pas facile, mais au moins nous pouvons en discuter, présenter des recherches et faire quelques pas dans la bonne direction. »

Erdan Naréh-Telrit