Immaculées ou nacrées, parfois délicatement ourlées d’une ligne de diamants, les montres blanches s’affranchissent de la saison estivale pour exposer leurs précieux atours par tous les temps et en tous lieux. Qu’elles scintillent de mille feux ou qu’elles se parent sobrement, elles illustrent une certaine élégance sans risque de fausse note.
PAR CARINE LŒILLET
Le blanc est-il une couleur comme les autres ? Ecarté du spectre des couleurs par Newton
au XVIIe siècle, il a longtemps été considéré comme une valeur au même titre que le noir, voire comme une non-couleur qui n’a pas sa place dans l’arc-en-ciel. Fait-il figure de degré zéro de la couleur ou représente-t-il la somme de toutes les couleurs ?
Dans tous les cas, le blanc véhicule depuis des siècles un certain nombre d’images immuables. “En puisant dans notre mémoire collective et notre imaginaire, on s’aperçoit que le blanc est associé avec fidélité depuis toujours à des symboles universels très forts dans les sociétés européennes, en Afrique et en Asie : la pureté, la paix et l’innocence”, analyse Michel Pastoureau, historien anthropologue, spécialiste de la symbolique des couleurs. Minimaliste et chic, pure et délicate,
cette teinte est volontiers associée à l’innocence et à la sérénité. En contrepoint du noir présent sur une majorité de garde-temps, surtout masculins, le blanc semble davantage féminin. Son éclat se marie volontiers aux tenues estivales mais il est aussi légitime par temps automnal ou hivernal.
Territoires d’expression
Rares sont les horlogers qui ne proposent pas au moins un modèle dans cette tonalité immaculée, en priorité pour leur public féminin. Même la collection Gem Dior que Victoire de Castellane a imaginée pour célébrer les pierres et les échantillons de tissu colorés de Monsieur Dior comprend un modèle plus épuré, avec un cadran de nacre blanche ourlé de diamants. Chez Hermès, ce n’est pas à la Couture mais à la maroquinerie que la montre Arceau Horse rend hommage, clin d’œil au savoir-faire originel de la maison du Faubourg Saint-Honoré. Le cadran est en cuir blanc et orné de 395 mini clous qui forment un motif équestre. Réalisée par les plus grands artisans pour la haute horlogerie de Chanel, la collection de montres Mademoiselle Privé représente un territoire d’expression privilégié des plus beaux savoir-faire. Mademoiselle Privé Bouton rend ainsi hommage au bouton, élément clé de l’univers stylistique de Gabrielle Chanel. Parmi les interprétations de ces montres à secret lovées dans des manchettes en cuir matelassé, un bracelet couleur nacre rappelle que le blanc appartient depuis longtemps à la charte graphique de la maison Chanel. Un blanc décliné aussi sur la céramique haute technologie associée depuis plus de vingt ans au modèle J12. Avec l’édition limitée J12 Calibre 12.2 Edition 1, cette blancheur absolue crée un effet fantomatique. Tout ou presque est blanc, les chiffres arabes et les aiguilles se devinant à peine sur le cadran virginal.
Less is more
On retrouve cette céramique haute technologie chez le précurseur en la matière, Rado. L’horloger suisse a poussé encore plus loin le concept du blanc sur blanc, au point de faire pratiquement disparaître l’heure sous un verre saphir bombé à l’effet givré. Le modèle Rado True Thinline Stillness propose une interprétation moderne du concept du minimalisme “less is more”. Un boîtier et un bracelet en céramique haute technologie d’un blanc chaud, un cadran blanc, des aiguilles des heures et des minutes blanches, le logo de la marque transparent… Cette montre contemporaine a été conçue par la chasseuse de tendances néerlandaise Li Edelkoort en collaboration avec Rado. Un garde-temps qui invite à prendre son temps. Lire l’heure devient un moment contemplatif en soi. “Nous sommes conscients que le temps est entre nos mains et nous l’oublions aussitôt”, explique Li Edelkoort. La chasseuse de tendance a par conséquent imaginé une montre capable de “nous libérer de l’agitation de la vie
quotidienne en élargissant notre conscience pendant une seconde, en réalisant la grandeur d’une minute et en saisissant l’empathie d’une heure”
Sur les montres à cœur ouvert ou squelettes, le temps s’efface également quelque peu pour laisser la place à la beauté de la mécanique qui se dévoile au grand jour. C’est le cas du modèle Skeleton X Sparking imaginé par Ulysse Nardin,
avec son mouvement squelette et un décor de barillet en nacre abrités dans un boîtier en titane serti de diamants. Nulle pierre précieuse chez Longines mais un cadran en nacre blanche et un bracelet immaculé sur The Longines Legend Diver Watch. A l’inverse, ce sont les diamants qui virevoltent entre les deux glaces saphirs de la montre Happy Snowflakes de Chopard qui la rendent autant ludique que précieuse. Là aussi, le rapport des femmes avec le temps n’est pas tout-à-fait classique : elles ne lisent plus seulement l’heure mais contemplent la chorégraphie inlassablement renouvelée des mobiles qui tournoient sur le cadran. Avec une particularité liée à la saison : le cadran laisse apparaître des flocons qui célèbrent la magie de l’hiver. Cette montre en acier orchestre, sur son cadran la danse des iconiques diamants mobiles et d’un délicat flocon de neige en or serti. Pour composer la toile de fond de ce tableau enchanteur, les ateliers de Chopard ont imaginé pour Happy Snowflakes un cadran argenté martelé, dont les multiples reflets captent la lumière et jouent avec l’éclat des diamants et du flocon mobiles. Grâce à ce travail, le cadran reproduit la pureté d’un manteau neigeux scintillant sous les rayons d’un soleil hivernal
