Influencé par Elvis Presley, Christopher Joseph Isaak est né en Californie en 1956. Cette année-là, le King publie son deuxième album considéré comme une référence aux standards Country, Rhythm and Blues et Rock n’ Roll dont certains titres sont issus du répertoire de Little Richard. Un signe qui ne trompe pas pour le futur artiste issu d’une famille modeste.
LE CROONER
Isaak est un crooner dont le thème favori est un grand classique : l’amour perdu sur fond d’ambiance cinématographique des années 50. Élevé au Rockabilly, Chris se passionne pour la musique et la boxe qu’il part étudier au Japon. De son expérience semi-professionnelle, il ne conservera que son nez déformé qui lui donne un côté bad-boy qui plaît à la gente féminine. Il fonde son groupe en 1981 et signe un contrat chez Warner Bros. Son premier album ne contient pas de tube mais cache une perle méconnue que je recommande à tous qui s’appelle « Funeral In The Rain ». Le départ d’une femme qui rend malheureux son mari.
En 1986, le ténébreux chanteur rencontre le succès en France avec « Blue Hotel », chanson mélancolique à l’inspiration tragique. L’histoire vraie d’un ami du chanteur qui s’est suicidé. Mais c’est en 1989 qu’Isaak publie LA chanson imparable extraite de son troisième album sombre baptisé « Heart Shaped World ». Le titre « Wicked Game » a été enregistré très vite par son auteur et a servi de bande originale au film « Sailor et Lula » de David Lynch. Le texte relate une femme qui coure après le chanteur à succès et celui-ci ne resiste pas aux avances malgré la certitude qu’il s’agit d’une erreur… pas toujours facile la vie de star ! Chris Isaak est élu en 1990 comme l’une des personnalités les plus sexys de la planète et parvient enfin à s’imposer aux États-Unis.
UN ARTISTE AUX TALENTS MULTIPLES
Il est également acteur et apparaît dans deux films de Jonathan Demme, « Married To The Mob » et « Le Silence Des Agneaux », l’un des grands thrillers de la décennie avec Jodie Foster et Anthony Hopkins. Il obtient également l’un des rôles principaux dans « Twin Peaks : Fire Walk With Me » aux côtés de Sheryl Lee et David Bowie en 1992. Malgré des publications discographiques régulières, Chris a du mal à confirmer les ventes passées. « Forever Blue » et les albums suivants n’obtiendront qu’un succès d’estime. Pour preuve, il publie l’album classique de noël en 2004 puis tente régulièrement de revenir sur le devant de la scène avec des compilations et des live. Le double « Beyond The Sun » sorti en 2011 est un hommage à la maison de disques « Sun Records » dans laquelle on retrouve Johnny Cash, Roy Orbinson, Jerry Lee Lewis et bien sûr Elvis. Les reprises sont réussies mais l’originalité manque.
Côté concerts, Chris Isaak sait chauffer son public à blanc et pratique l’auto-dérision. Que ce soit à L’Olympia de Paris ou récemment au Cognac Blues Passions édition 2023, l’artiste n’hésite pas à se mêler à la foule et se raconte en public entre deux chansons. L’émotion est à son comble lorsqu’il entonne ses grands classiques et revisite ses 12 albums studios comme les succès de ses pairs. Ses bassiste et guitariste sont des fidèles de la première heure et Chris illumine le public avec son costume rappelant une boule à facettes. En bon Américain, il sait faire le show ! Il conclut ses récents concerts avec une superbe reprise de James Brown, « I’ll Go Crazy » titre de 1959 que l’on retrouve dans l’album « Try Me ! » qui fut l’un des premiers classiques du Godfather Of Soul alors âgé de 26 ans.
En résumé, le natif de Stockton possède de multiples talents et malgré ses hauts et bas discographiques, il reste dans le cœur des gens, surtout des femmes. Sportif, acteur, guitariste, chanteur, auteur et compositeur, Chris Isaak est de ceux qui auront marqué la fin des années 80 grâce à « Wicked Game » qui restera l’un des plus beaux slows de tous les temps. Imparable !
Diego OnTheRocks
Photos : Patrick Koune
