Sous un ciel capricieux typiquement britannique, le Sussex a une fois encore été le théâtre d’un voyage dans le temps. Du 12 au 14 septembre, plus de 150 000 spectateurs se sont pressés aux grilles du Goodwood Revival, événement hors norme qui conjugue compétition automobile et célébration d’un art de vivre vintage. Entre rugissements de moteurs historiques et élégance des costumes d’époque, le rendez-vous 2025 a offert un savant mélange de sport, de style et d’émotion, rappelant que la passion automobile dépasse de loin les chronos affichés.
La mise en scène d’une époque phare
Dès l’entrée, le visiteur bascule dans une autre dimension : celle de la Grande-Bretagne des années 1950 et 1960. Les familles arrivent en robes à pois, tailleurs ajustés, lunettes œil-de-chat ou costumes trois-pièces, chapeaux melon vissés sur la tête. Les parkings regorgent d’Austin-Healey, de Bentley S1 et de Ford Zodiac soigneusement bichonnées, renforçant l’impression d’un décor de cinéma grandeur nature.
Le paddock, lui, devient un musée vivant : Jaguar Type C, Ferrari 250 GT SWB, Lotus Cortina ou Shelby Cobra reposent dans des stands au charme vintage, sous les yeux de passionnés éblouis. Les mécaniciens en blouses blanches, les commissaires vêtus d’uniformes d’époque et les pilotes casqués comme en 1960 parachèvent l’illusion.
Mais derrière ce faste rétro, la compétition est bien réelle. Car le Revival, malgré son esthétique délicieusement surannée, reste une bataille de haut niveau où les plus grands noms du sport automobile s’affrontent sans concession.
Button, l’élégance de la victoire
Le moment fort de cette édition fut sans conteste la première victoire de Jenson Button au Revival. Le Champion du Monde de Formule 1 en 2009, actuellement engagé en WEC, a brillé dans le Freddie March Memorial Trophy au volant d’une Jaguar C-Type de 1952, partagée avec Alex Buncombe.
Un succès au parfum particulier, conquis devant sa famille venue l’encourager.
« Le Revival est l’un de mes week-ends préférés de l’année », confiait Button, visiblement ému. « Remporter cette course avec la C-Type, une voiture mythique, est un moment unique. Et voir mes enfants courir ensemble dans la Settrington Cup a donné à ce week-end une saveur encore plus spéciale. »
Un triomphe sportif doublé d’un moment intime, qui illustre parfaitement l’esprit Goodwood : la performance vécue et partagée en famille.
Kristensen, la constance et le panache
Autre figure incontournable du week-end, Tom Kristensen, recordman des victoires aux 24 Heures du Mans (neuf succès). Le Danois a une nouvelle fois marqué le Revival en remportant la St. Mary’s Trophy Part 1, confirmant son lien indéfectible avec l’événement. Quinze ans après sa première apparition à Goodwood, sa passion reste intacte.
« La St. Mary’s est une course relevée, avec des pilotes d’un niveau incroyable. Gagner en 2010, 2015, et de nouveau en 2025, c’est un vrai privilège. Mais au Revival, on vient avant tout pour célébrer l’histoire de notre sport et partager ces moments avec nos proches et les fans. »
Le lendemain, Kristensen rejoignait Button pour disputer la prestigieuse Royal Automobile Club TT Celebration, véritable clou du spectacle, offrant aux spectateurs un duel de champions à couper le souffle.
Stewart, la mémoire vivante et l’hommage à Clark
Le Revival 2025 a aussi été marqué par une séquence d’émotion pure : l’hommage rendu à Jim Clark, disparu en 1968. Soixante ans plus tôt, en 1965, Clark et Sir Jackie Stewart réalisaient un exploit resté gravé dans les annales : un temps identique au tour à Goodwood, 1’20’’4.
Pour célébrer ce record toujours inégalé, le Duc et la Duchesse de Richmond ont remis à Stewart le Goodwood Ton Trophy, saluant son rôle dans l’histoire du sport automobile et son amitié indéfectible avec Clark. Fidèle du Revival, le triple Champion du Monde reste une icône intemporelle, véritable passerelle entre générations.
Lifestyle, élégance et traditions
Le charme du Revival dépasse largement la piste. Dans les allées, on croise autant de passionnés de voitures que d’amateurs de mode et d’art de vivre. Les concours d’élégance improvisés s’organisent au détour d’une allée, les stands vintage proposent coiffures et maquillages d’époque, tandis que les orchestres swing animent les soirées au rythme de Glenn Miller et Ella Fitzgerald.
Au Rolex Drivers’ Club, havre de paix réservé aux pilotes et à leurs proches, la camaraderie s’épanouit loin du bruit des moteurs. Ici, les champions d’hier et d’aujourd’hui échangent anecdotes et souvenirs, entourés de leurs familles.
Et comme chaque année, la marque horlogère suisse a perpétué une tradition devenue emblématique : l’attribution d’une montre gravée au Driver of the Meeting. En 2025, c’est Chris Ward qui a reçu la toute nouvelle Rolex Perpetual 1908, incarnation parfaite de l’élégance intemporelle et du raffinement mécanique, à l’image du Revival lui-même.
Un héritage qui traverse le temps
Depuis que Sir Malcolm Campbell portait sa Rolex lors de ses records de vitesse sur la plage de Daytona dans les années 1930, la marque suisse entretient un lien indéfectible avec le sport automobile. Des 24 Heures du Mans à la Rolex 24 At Daytona, des 12 Heures de Sebring au WEC, jusqu’aux rassemblements les plus prestigieux comme Pebble Beach ou Monterey, Rolex incarne une vision où la performance technique rencontre l’élégance intemporelle.
Avec ses ambassadeurs de légende, Stewart, Kristensen, Button, Webber ou encore Jamie Chadwick, la maison genevoise souligne que le sport automobile est autant une affaire d’héritage que d’innovation. Depuis, la marque est devenue le partenaire naturel des plus grandes épreuves : le WEC, l’IMSA, la Rolex 24 At Daytona, les 12 Heures de Sebring, ou encore les mythiques 24 Heures du Mans.
Mais l’horloger suisse ne se contente pas d’accompagner les compétitions modernes : il cultive un attachement profond aux événements célébrant la beauté et l’histoire de l’automobile, comme Pebble Beach, The Quail, le Monterey Motorsports Reunion… et bien sûr le Goodwood Revival.
Alors que les derniers moteurs se taisent et que le Sussex retrouve son calme bucolique, une évidence demeure : le Goodwood Revival est bien plus qu’un simple événement. C’est une célébration totale, un mariage entre sport de haut niveau et art de vivre rétro, une bulle hors du temps où se mêlent vitesse, élégance et émotion. À Goodwood, on ne se contente pas de regarder en arrière. On perpétue un héritage, on nourrit une passion et on rappelle que certaines légendes, comme les montres qui les accompagnent, ne vieillissent jamais.
Patrick Koune
Crédits photos : © Rolex
