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Anatomy of Identity de Lever Couture

Anatomy of Identity de Lever Couture

Lever Couture captive le Palais de Tokyo avec “Anatomy of Identity”
Ladies and Gentlemen, it’s Fashion show time!

La mode, parfois, dépasse le vêtement. Elle devient émotion, manifeste, miroir de l’époque. C’est exactement ce qui s’est joué ce 9 juillet 2025 à Paris, lorsque Lessja Verlingieri, fondatrice de LEVER Couture, a présenté sa collection Automne/Hiver 2025–2026 “Anatomy of Identity” dans un Palais de Tokyo transformé en cathédrale contemporaine de la métamorphose.
@Jun Sheng

Une vision couture entre force, fragilité et renaissance

Dès l’entrée, l’atmosphère donne le ton : organisation fluide, lumière tamisée, ambiance feutrée, murmures retenus. Puis le silence s’ouvre sur une performance bouleversante signée Katja Khaniukova, première ballerine soliste de l’English National Ballet. En solo, elle traduit par le mouvement ce que les mots peinent à dire : la vulnérabilité, la résilience, l’identité en construction. Une danse puissante, presque surréaliste, où le corps devient tissu vivant.
La performance a été orchestrée par la directrice artistique Sina Braetz, fidèle complice de la maison, qui a su lier lumière, son, geste et espace en une mise en scène profondément émotionnelle. Comme une incantation d’ouverture, elle a préparé l’assistance à l’immersion totale dans l’univers sensoriel de LEVER Couture.
Anatomy of Identity : la couture comme miroir de l’âme et langage intérieur 
Au cœur de la collection, une question essentielle : comment se construit-on ? Point après point, choix après choix, couture après couture. Dans un monde où l’identité se fragmente, s’efface, se redessine sans cesse, Verlingieri interroge notre besoin d’appartenance, notre droit à la multiplicité, à la contradiction.
« J’ai voulu explorer cette tension entre ce que l’on cache et ce que l’on montre. Ce que l’on décide de révéler, ce que l’on protège. Ce n’est pas une collection, c’est une introspection, » confie la créatrice.
Chaque silhouette devient une métaphore : drapée mais structurée, sensuelle sans être exhibée, brute et précieuse à la fois. On oscille entre force et fragilité, domination et abandon. Un jeu de contraste qui résume parfaitement l’ADN de la maison.

Matières et techniques : une couture éthique et sensorielle

LEVER Couture, c’est d’abord un travail de la main. Chaque pièce est entièrement fabriquée dans l’atelier de Verlingieri à Los Angeles. Rien n’est laissé au hasard : du choix des textiles, souvent des soies vintage ou des matières récupérées, jusqu’aux broderies cousues fil après fil. Le tout pensé dans une démarche de durabilité exigeante mais jamais au détriment de l’esthétique.
Voici quelques détails phares de cette saison :
Maille verte douce : légère, presque imperceptible, elle insuffle une transparence onirique.
Franges dorées : lumineuses et dynamiques, elles captent l’énergie à chaque mouvement.
Cristaux Swarovski argentés : appliqués à la main, ils transforment chaque pièce en œuvre de lumière.
Paillettes nude : ton sur ton, elles glissent sur la peau comme une seconde lumière.
Sculptures noires : masses architecturales qui ancrent la collection dans une rigueur contemporaine.
Maille de laine crème : alvéolée, texturée, elle joue les volumes en toute subtilité.
Ces contrastes de matières deviennent l’écho textile des complexités identitaires que la collection cherche à représenter. Chaque robe devient un manifeste, une déclaration silencieuse de la pluralité de l’être.

Une créatrice entre trois continents

Née à Odessa, en Ukraine, Lessja Verlingieri quitte son pays à 11 ans pour rejoindre l’Allemagne avec sa mère. Puis direction Los Angeles, où elle installe son atelier. Trois pays, trois cultures, une seule voix créative : la sienne.
« Mon corps est en Amérique, mon âme en Allemagne, et mon cœur en Ukraine, » dit-elle avec émotion.
Ses racines ukrainiennes nourrissent sa sensibilité. L’exigence allemande forge sa précision. L’audace californienne libère son imaginaire. C’est ce triptyque qui fait la singularité de LEVER Couture : une couture transcontinentale, enracinée et libre, intime et universelle.

 

Une bande-son envoûtante 
La musique du défilé, composée par I Monster, a amplifié l’intensité dramatique du show. Le morceau « Who Is She? », mystérieux et chargé d’émotion, a enveloppé la salle d’une ambiance cinématographique. Chaque note, chaque silence, devenait un prolongement de la couture. Le défilé se vit alors comme une expérience sensorielle totale, où la mode, la musique et la performance fusionnent.

 

Une créatrice engagée et touchante
Derrière chaque pièce, il y a une histoire. Parfois personnelle, parfois universelle. Lorsqu’elle parle de sa mère, ingénieure et créative, Verlingieri s’émeut. « Dans les années 90, après la chute du mur, ma mère ne pouvait pas transporter un drapeau américain. Elle l’a transformé en sac, brodant les étoiles différemment. Ce genre de mémoire m’accompagne à chaque création. »
Son rapport au tissu est presque sacré : « J’adore les tissus vintage. Ils ont une âme. Une énergie. On sent la différence quand on les porte. Ce n’est pas juste un vêtement, c’est une mémoire habillée. »
Depuis ses débuts à Berlin en 2011, où Nicola Formichetti l’a repérée pour habiller Lady Gaga, sa trajectoire n’a cessé de s’élever. Beyoncé, Jennifer Lopez, Anya Taylor-Joy, Alicia Keys, Gwen Stefani, Megan Thee Stallion… toutes ont succombé à l’aura de ses créations sculpturales.

 

Une mode durable, désirée, assumée
LEVER Couture ne produit qu’une seule collection par an. Un choix réfléchi, presque militant. « Je ne jette rien. Je garde les chutes. Je reconstruis, je transforme. Il y a mille façons de redonner vie à un tissu. »
Cette démarche slow fashion n’empêche pas le glamour. Bien au contraire. Elle ajoute une couche d’authenticité à des pièces déjà chargées d’émotion. Porter LEVER Couture, c’est faire le choix d’une mode qui respecte la main, la matière et le monde.

 

Une étoile en pleine ascension
Verlingieri est peut-être encore discrète dans les grands médias, mais dans le monde de la mode, elle est déjà une figure respectée. Sa signature : une couture cinématographique, dramatique et profondément incarnée.
« Je veux que mes créations parlent sans mots. Qu’elles racontent des histoires. Qu’elles laissent une trace. »
Et c’est exactement ce que fut “Anatomy of Identity” : un manifeste visuel, un cri silencieux, une célébration de ce qui nous rend multiples, mouvants, vrais.

 

Clap de fin pour une Fashion Week Haute Couture sous le signe de la poésie
Ce défilé a marqué l’un des moments forts de cette semaine de la Haute Couture à Paris. Une semaine qui a vu la couture s’affranchir des carcans, redevenir langage, se rapprocher de l’art.
LEVER Couture n’a pas seulement présenté une collection. Elle a livré une émotion, une vision, un fragment d’humanité.
Rendez-vous à Paris du 29 septembre au 7 octobre 2025 pour la prochaine Fashion Week Printemps/Été 2026, et d’ici là, souvenez-vous : la mode peut être belle, consciente, puissante. Comme un miroir tendu vers ce que nous sommes, et ce que nous pouvons devenir.

 

Anne Candy

 

Photos runway : Yolanda Leaney @callmeyo
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