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Année horlogère Anniversaire

Année horlogère Anniversaire

Dans un métier où le temps est la base de tout, certains millésimes sont plus propices que d’autres aux commémorations. L’année 2023, avec sa cohorte d’anniversaires horlogers, devrait enchanter les collectionneurs en quête de garde-temps ayant un petit surcroit d’âme.

PAR VINCENT DAVEAU

Faut-il encore le rappeler, les amateurs de montres affectionnent les produits horlogers commémoratifs ou millésimés
car ils les savent proposés sur une courte période ou en petite quantité et capables, pour cette raison, de voir leur valeur croître rapidement. Le principe de la collection est simple : il faut, à celui qui s’y adonne, posséder des pièces rares dont ne disposent pas les éventuels concurrents. Et pour atteindre ce but ultime, ces adeptes des verticales sont prêts à tout. Les maisons horlogères ont depuis longtemps compris tout le potentiel que représente cette pulsion presque basale, remontant à la nuit des temps, et surfent sur les dates clés de leur histoire pour proposer de date en date des garde-temps spécifiques, tous aujourd’hui “collectors” ou presque.

 

Anniversaire d’icônes

 

Pour un collectionneur, certaines dates anniversaires sont plus importantes que d’autres. Les centenaires catalysent leur attention mais ils sont rares, surtout lorsqu’il s’agit de montres-bracelets massivement apparues après les années 1930. Maintenant, tous les chiffres ronds, dès qu’ils sont au-delà d’un cinquantenaire, sont considérés par tous comme dignes de grandes célébrations. Et, chose notable cette année, il y en a. On fête ainsi les 80 ans de la collection Premier de Breitling. Cet anniversaire devrait catalyser les passions car la ligne est composée de pièces fortes, véhiculant un message que l’on sait attirer l’attention de tous ceux pour qui la montre et, à plus forte raison encore le chronographe, est un outil d’expression de soi-même.

 

Il serait faux de croire cette vénération pour les grandes dates une spécialité exclusivement masculine. Les femmes passionnées seront aussi ravies de savoir que la Serpenti de Bvlgari fête ses 75 ans. Et celles quiconnaissent la marque savent à quel point la directionsait profiter de ces moments particuliers pour célébrerle beau. Elles ne seront pas déçues, car les pièces aperçues sont toutes magnifiques, de cette magie entretenue par la mythologie associée à ce reptile. Maintenant, quel sera l’impact de cette célébration sur le marché horloger global ? Assurément, moins important que celui que va provoquer la présentation de deux des montres de sport les plus iconiques du marché.

 

 

En effet, cette année est aussi – mais certains diront surtout – l’occasion de célébrer le soixante-dixième anniversaire de l’Oyster Perpetual Explorer, mais également de l’Oyster Perpetual Submariner de Rolex et de sa concurrente directe la Fifty Fathoms de Blancpain. Ces deux dernières pièces, parmi les plus emblématiques d’un marché passionné par les modèles sportifs, se retrouvent en concurrence sur les pages des magazines. Par chance pour Blancpain, Rolex n’a pas proposé durant les salons de nouvelle version de la fameuse Submariner. En revanche, pour ces deux références déjà collector, deux chronographes ultra célèbres, eux aussi très recherchés, risquent de leur faire un peu d’ombre : 2023 est en effet l’occasion de célébrer le soixantième anniversaire de l’Oyster Perpetual Cosmograph Daytona de Rolex et du fameux chronographe Carrera créé par Jack Heuer en 1963. Pareille liste de références incontournables explique la présence d’une foule de professionnels réunis en masse, quelques minutes après l’ouverture du salon Watches and Wonders, à Genève, devant les vitrines des stands Rolex et TAG Heuer.

 

Question de dates clés

 

Evidemment, ces événements ont un peu oblitéré un autre anniversaire qui compte : celui du cinquantenaire de la création de la maison horlogère française Pequignet. Pour sa première présence au salon genevois ultra élitiste, il est un peu dommage pour la marque d’avoir eu autant de concurrence. Toutefois, les vrais passionnés étaient présents pour découvrir les nouveautés de cette petite entreprise à taille humaine de Morteau, qui dispose dans son catalogue de mouvements de l’un des meilleurs calibres “in house” du marché. A l’occasion de ce salon réunissant 48 marques, cette entité aurait dû présenter sa première pièce régulée par un tourbillon. Seulement, tout le monde le sait, le temps passe trop vite et cette nouveauté n’était pas totalement terminée à temps. Le cinquantenaire de l’entreprise pouvant être célébré l’année durant, c’est donc partie remise et cette absence laisse une chance à toutes les autres références moins spectaculaires, mais non moins intéressantes. On dit des quarante ans qu’il s’agit du bel âge. C’est vrai pour les humains, mais est-ce vrai pour les montres ? Dans le cas de la G-Shock de Casio, cela ne fait aucun doute. Ce produit mythique, qui accompagne depuis quatre décennies les aventuriers du monde entier, les militaires en exercice et les sauveteurs aguerris, avait sa place dans ces pages dédiées au luxe. Car, le luxe, au-delà de la valeur du produit, est aussi un état d’esprit et un ensemble de valeurs que portent haut ces modèles
taillés pour résister au pire. Faisant partie de la culture horlogère d’aujourd’hui, ces instruments que tout le monde connaît et que tout le monde a portés dans l’action, s’inscrivent dans la mythologie contemporaine d’un métier en pleine mutation depuis désormais presque cinquante ans.

 

 

Maintenant, les puristes préfèreront peut-être les créations de la petite maison horlogère BRM Chronographes, implantée, depuis 20 ans, dans ses ateliers du Vexin français. Pilotée par Bernard Richards, elle propose des pièces horlogères toutes dédiées à la pure mécanique et en particulier, à celle de l’automobile. Connue des pilotes, des mécanos des circuits, elle taille sa route à sa vitesse, chose rare pour un fanatique de course automobile qui a les pieds sur terre et la tête dans les nuages. Enfin, 2003 est aussi la date du lancement par Dior de la D de Dior, la montre aujourd’hui iconique de cette maison de couture. Dessinée par Victoire de Castellane, elle a su, au fil de deux décennies de réussite, s’approprier tous les codes du luxe sans jamais avoir l’air d’en faire trop. Et c’est là toute la magie de ce modèle pluriel et délicat.

 

 

Evidemment, parmi cette liste de références incontournables ayant pris une année de plus, certaines montres ont sans doute été oubliées. Mais ce n’est que partie remise et celles que nous aurions manquées seront présentées en majesté dans dix ans, très exactement.