Dans la prolongation du projet « École du Louvre 2021-2022 », qui reconfigure ses espaces et inaugure la présence de l’art contemporain au sein de l’institution, l’École du Louvre accueille deux œuvres exceptionnelles, l’une de François Morellet et l’autre de César, une nouvelle donation de Majid Boustany.
Les œuvres de César et François Morellet à l’Ecole du Louvre
La nouvelle année voit à l’Ecole du Louvre l’installation de Francois Morellet, π baroco n°2 bleu, 1=45° (angle du même côté), 7 éléments, (2001) Composition de néons bleus et la sculpture de César « La Marseillaise » (1997).
Ecole du Louvre
Les deux œuvres emblématiques seront désormais en dialogue avec le lieu de son histoire et accompagneront étudiants, publics, enseignants et chercheurs dans leur parcours au Louvre.
Les œuvres de François Morellet et César à l’Ecole du Louvre, inaugurées le 9 janvier 2023 par la ministre de la culture Rima Abdul-Malak, seconde donation de Majid Boustany
François Morellet
François Morellet (1926-2016) était un artiste autodidacte et prolifique, peintre, sculpteur et créateur d’installations qui a développé une approche radicale de l’abstraction géométrique au cours d’une carrière de plus de soixante ans. Ses œuvres interrogent l’expérience visuelle du spectateur et défient le champ physique du tableau. Il s’est efforcé de briser les hiérarchies traditionnelles en incorporant de l’acier, des tubes de néon, du fer, du ruban adhésif, du treillis métallique et du bois dans ses compositions, laissant souvent le hasard agir. Le nombre π (Pi) et l’annuaire téléphonique sont donc parmi les plus grandes sources d’inspiration de l’artiste, qui s’en sert comme prétexte pour développer des compositions basées sur des séries de chiffres aléatoires et générant des possibilités dans leur infinie continuité.
Francois Morellet, π baroco n°2 bleu, 1=45° (angle du même côté), 7 éléments, (2001)
Au début des années 1960, Morellet fut l’un des premiers artistes à explorer les possibilités de la lumière artificielle et du néon, médium de prédilection qu’il continuera d’expérimenter tout au long de sa carrière. Si les premières néons ont été développées dans le cadre des activités du Groupe de recherche en arts visuels (GRAV), explorant la composition de séquences lumineuses se produisant au fil du temps, Morellet a progressivement abandonné les supports traditionnels permettant de fixer des tubes néons statiques directement au mur, en choisissant de les faire jouer avec l’espace et l’architecture environnante plutôt qu’avec le temps.
Le principe de cette série repose sur l’idée que chaque chiffre composant le nombre π correspond à un angle préalablement défini, en l’occurrence 1 = 45°. L’œuvre ainsi est créée dans l’ordre décimal de π (3 = 135°, 1 = 45°, 4 = 180°, 1 = 45°, etc.). Des demi-cercle de néon bleu viennent en superposition au dessin géométrique généré par le système, donnant un aspect à la composition que Morellet qualifiait de « baroque ». Le système de lignes brisées (selon les mots de l’artiste « un accordéon accidenté ») en superposition aux demi-cercles de néon bleu qui composent π baroco n°2 bleu, lui permet ainsi d’imiter un mouvement clé de l’histoire de l’art tout en générant une œuvre dont le cheminement est imprévisible et auto-généré.
François Morellet est présent au Louvre depuis 2010, grâce à la commande de vitraux du monumental escalier Lefuel de l’aile Richelieu, et au Jardin des Tuileries avec ses Arcs de Cercles complémentaires (1999).
César
César (1921-1998), sculpteur français formé à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, questionne les canons de la sculpture traditionnelle à travers ses Compression (1959), ses Empreintes Humaines (1965) et ses Expansions (1967). Il dialogue aussi avec l’histoire de l’art, et n’abandonne jamais la sculpture en fer ou en bronze soudé, sa pratique plus classique. Dans les années 1970 et 1980 il réalise une série de natures mortes dénommée Hommage à Morandi et de nombreuses œuvres monumentales dont Le Centaure, Hommage à Picasso Hommage (1983-1985), une commande publique nationale destinée à être exposée à Paris.
César « La Marseillaise » (1997)
Lors de sa dernière exposition PortraitsAutoportraits à la Galerie Claude Bernard à Paris en 1998, il proposait une polyphonie de têtes en bronze soudé. Ces collages de têtes ou assemblages de têtes sont des variations d’un dénominateur commun, la matrice du visage de l’artiste. Déjà en 1972, César avait entamé ce genre de face-à-face avec lui-même, se présentant avec humour selon son humeur. Il se réfère bien sûr à Picasso et à Francis Bacon, des hommes qu’il aime et admire, des amis d’une autre époque qui sont partis avant lui. Il a confondu leurs visages avec le sien, les a déformés, les a découpé, les a oblitérés, les a montés sur des charnières pour un jeu de cache-cache avec lui-même. Comme dernier hommage à sa Marseille natale, il crée La Marseillaise, hommage à François Rude, à la sculpture académique et romantique, et à la France.
Pour le bronze de la Marseillaise, César réalise sa propre version en 1997, inspirée de l’œuvre de François Rude. La figure colossale de sa célèbre La Marseillaise appartient au haut-relief du Départ des Volontaires de 1792 sur la façade nord-est de l’Arc de Triomphe sur la place de l’Etoile à Paris.
La sculpture de César installée à l’Ecole du Louvre confirme la présence de l’artiste au Louvre, puisque l’une de ses œuvres compressées est exposée au Café Richelieu, situé dans l’aile Richelieu du Musée du Louvre, depuis 1993.
Majid Boustany, un mécénat exceptionnel
En 2016, Majid Boustany, Président de la Fondation Francis Bacon MB, a conclu son premier partenariat avec l’Ecole du Louvre en créant une bourse de recherche sur le peintre Francis Bacon. Poursuivant sa démarche philanthropique, Majid Boustany a étendu son engagement en finançant l’ambitieux programme architectural « École du Louvre 2021-2022 ». Outre ce mécénat particulier, deux sculptures d’Antony Gormley, un chevalet et une photographie de Francis Bacon ont fait l’objet d’un don, et aujourd’hui il s’agit d’une sculpture de César et une installation de François Morellet.
La Fondation Francis Bacon MB Art
La Francis Bacon MB Art Foundation a été créée en 2014 en tant qu’institution à but non lucratif avec pour mission de promouvoir une meilleure compréhension de l’œuvre, de la vie et de la pratique de la peinture de Francis Bacon, avec une attention particulière à la période pendant laquelle il a vécu et travaillé à Monaco et en France. Les activités philanthropiques de la fondation comprennent le soutien à la recherche et aux artistes.
André Tirlet