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Aston Martin Valkyrie : Le Grand Retour au 24H du Mans

Aston Martin Valkyrie : Le Grand Retour au 24H du Mans

L’attente touche à sa fin. Plus de six décennies après son dernier triomphe absolu dans la Sarthe, Aston Martin vise de nouveau les sommets de l’endurance avec une machine d’exception : la Valkyrie. Pour sa première participation aux mythiques 24 Heures du Mans – juin 2025, la spectaculaire hypercar britannique incarne à la fois un retour glorieux et une audace technologique inédite.

Aston Martin Valkyrie LMH – 24H Le Mans 2025

Un symbole de performance et d’héritage

Engagée par l’écurie Aston Martin THOR Team, la Valkyrie fait figure de pionnière : elle est la seule hypercar dérivée d’un modèle routier à disputer l’épreuve-reine du Championnat du Monde d’Endurance FIA (WEC). Arborant une livrée unique inspirée de l’héritage britannique – avec un Union Jack flottant fièrement sur la dérive arrière – la #007 et la #009 entreront dans l’arène pour tenter d’offrir à Aston Martin une victoire historique, la première depuis le duo Shelby-Salvadori en 1959.

Deux équipages, une ambition

Deux voitures. Six pilotes. Une mission. L’équipe britannique mise sur deux trios 100% rodés à l’endurance. La #007 sera confiée aux talentueux Harry Tincknell, Tom Gamble et Ross Gunn – tous Britanniques et animés par une fierté palpable de représenter la patrie de la marque.

La #009 réunira quant à elle Marco Sørensen (triple champion GT du WEC), Alex Riberas et le Canadien Roman De Angelis, tous familiers du haut niveau mais néophytes dans la catégorie Hypercar au Mans. Leur objectif : finir, apprendre, et viser les points.

Aston Martin Team – Valkyrie LMH et Vantage

Aston Martin Valkyrie LMH, la bête venue de la route

La Valkyrie LMH (Le Mans Hypercar) incarne un paradoxe rare dans le sport automobile moderne : une voiture de route devenue machine de course, là où la plupart font le chemin inverse. Imaginée à l’origine comme un hypercar homologué pour la route, elle est aujourd’hui l’unique modèle du plateau LMH issu directement d’un véhicule de série. Un exploit de conception.

Origines et philosophie
Développée initialement avec Red Bull Advanced Technologies sous la houlette d’Adrian Newey (l’architecte des F1 championnes du monde chez Red Bull), la Valkyrie était pensée dès le départ pour brouiller les frontières entre circuit et route. Sa transformation en version LMH, dédiée à l’endurance, en fait l’un des projets les plus ambitieux jamais tentés par Aston Martin.

Moteur : le rugissement du V12
Au cœur de la Valkyrie LMH : un V12 atmosphérique de 6,5 litres développé par Cosworth, dérivé de la version route mais adapté aux exigences du règlement Hypercar. Il délivre une puissance limitée à 680 chevaux (500 kW) – contre plus de 1000 ch pour la version civile – mais conserve une montée en régime spectaculaire jusqu’à 11 000 tr/min, un chiffre quasi inédit dans l’univers de l’endurance.

Le moteur est dépourvu d’hybridation, contrairement à certains concurrents (Ferrari, Toyota, Peugeot), ce qui réduit la complexité technique tout en mettant l’accent sur le pur plaisir mécanique.

Châssis et aérodynamique
Le châssis monocoque est entièrement en carbone, avec une attention maniaque portée à l’aérodynamisme. Le design extrême de la carrosserie, avec ses tunnels Venturi, ses canaux d’air sculptés et son diffuseur monumental, génère un appui aérodynamique digne d’une F1, tout en respectant les contraintes d’endurance (longs relais, stabilité à haute vitesse, efficience).

Technologie embarquée
Même si elle n’intègre pas de système hybride, la Valkyrie LMH exploite des systèmes électroniques de gestion moteur, de télémétrie et de surveillance d’usure inspirés du programme F1 d’Aston Martin. Son développement a également bénéficié du simulateur de dernière génération utilisé par l’équipe Aston Martin Aramco en Formule 1.

Un engagement double : WEC & IMSA
En 2025, la Valkyrie est la seule Hypercar homologuée pour les deux grands championnats mondiaux :

FIA WEC (World Endurance Championship), incluant les 24 Heures du Mans.
IMSA WeatherTech SportsCar Championship, aux États-Unis.

Cela implique une adaptation aux pneumatiques (Michelin vs. Michelin IMSA spécifiques), aux carburants, aux formats de course, et à des configurations très différentes. C’est aussi un immense défi logistique et technique pour le THOR Team.

Anecdote : Le premier roulage de la Valkyrie LMH sur la ligne droite des Hunaudières a été salué par une ovation spontanée dans les tribunes. Son sonorité stridente de V12, unique dans le peloton, rappelle les prototypes des années 90 – un retour aux sensations pures qui enflamme déjà les passionnés.

« Pour nous, finir la course avec les deux voitures et décrocher un résultat dans les points serait une réussite exceptionnelle pour cette première apparition », déclare Ian James, directeur d’équipe du THOR Team. Malgré l’expérience des pilotes, la complexité du Mans reste un défi colossal. La fiabilité démontrée de la Valkyrie sur les premières manches WEC (Imola, Spa) et en IMSA (notamment aux 12 Heures de Sebring) est de bon augure.

Vantage : la chasse au sixième sacre de classe

En parallèle, la Vantage GT3 – voiture la plus titrée de l’histoire d’Aston Martin – revient sur ses terres de gloire pour viser une sixième victoire de classe. Deux équipages seront alignés : le #27 du THOR avec Ian James, Zach Robichon et Mattia Drudi, et le #10 du Racing Spirit of Léman, composé de Derek De Boer, Eduardo Barrichello et Valentin Hasse Clot.

Après la désillusion de 2024, où le THOR #27 avait été contraint à l’abandon dans les dernières heures, la revanche s’annonce intense. Pour Drudi, la course marque le début d’un incroyable triptyque : Le Mans, Nürburgring, Spa en l’espace de trois semaines.

Icône moderne de la marque, l’Aston Martin Vantage incarne la fusion parfaite entre élégance britannique et performance radicale. Déclinée en version GT3 pour la compétition, elle partage sa structure en aluminium léger et son moteur V8 biturbo de 4,0 litres avec la version routière, tout en bénéficiant d’un développement intensif sur circuit. Pensée pour l’endurance, la Vantage GT3 se distingue par sa polyvalence, sa fiabilité éprouvée et son comportement équilibré, autant de qualités qui ont permis à Aston Martin de remporter plus d’un quart de ses victoires de classe au Mans avec cette plateforme. À la fois sophistiquée et redoutable, la Vantage continue de faire rayonner l’héritage sportif de la marque dans les plus grandes courses du monde, du WEC à l’IMSA, en passant bien sûr par Le Mans, où elle vise en 2025 une place de choix dans la nouvelle catégorie LMGT3.

Aston Martin Team 2025 – 24H Le Mans

Un retour dans la cour des grands

Avec cette offensive ambitieuse dans les deux catégories, Aston Martin renoue avec son essence la plus pure : la compétition. La Valkyrie, incarnation ultime de cette volonté, symbolise une nouvelle ère pour la marque fondée en 1913.

Comme le souligne Adam Carter, responsable de l’endurance chez Aston Martin : « La Valkyrie est l’expression suprême de notre passion pour la course. Elle cristallise notre engagement à concilier technologie de pointe et héritage sportif. »

Le compte à rebours est lancé. Samedi 14 juin à 16h, quand les feux s’éteindront au départ de la 93e édition des 24 Heures du Mans, tous les regards se tourneront vers le rugissement du V12 britannique. Et qui sait ? Peut-être qu’en 2025, Aston Martin écrira une nouvelle page de légende sur le circuit de la Sarthe.

 

Patrick Koune

Photos : Aston Martin – Drew Gibson