Les dunes infinies du désert de Liwa s’apprêtent à redevenir Arrakis. Legendary Entertainment a confirmé que le troisième opus de la saga cinématographique Dune, réalisée par Denis Villeneuve, sera de nouveau tourné aux Émirats arabes unis. Un retour attendu, qui consacre Abou Dabi comme l’un des plateaux de cinéma les plus convoités au monde.
Le désert de Liwa, Arrakis grandeur nature
Si la science-fiction a souvent recours au numérique pour recréer des univers, Villeneuve a toujours insisté sur la puissance des décors réels. Pour figurer la planète Arrakis, théâtre central des luttes de pouvoir de la dynastie Atreides et des Fremen, le choix du désert de Liwa s’est imposé comme une évidence. Ses dunes monumentales, son horizon doré et son atmosphère quasi intemporelle offrent une incarnation tangible du monde imaginé par Frank Herbert en 1965.
Ce choix n’a rien d’anodin : la matérialité du sable, la lumière changeante du désert, la rugosité des paysages confèrent aux films une authenticité sensorielle qu’aucun fond vert ne saurait égaler. Après avoir sublimé ces décors dans Dune (2021) et Dune : Part Two (2024), Villeneuve et son équipe entendent pousser encore plus loin l’immersion dans ce troisième chapitre.

Un tournage stratégique et international
Le tournage à Abou Dabi, prévu plus tard cette année, bénéficiera d’un soutien logistique et institutionnel considérable. La Creative Media Authority (CMA), la Abu Dhabi Film Commission (ADFC) et le studio Image Nation Abu Dhabi seront les partenaires clés de la production.
Ce partenariat illustre la stratégie ambitieuse de l’émirat : attirer les plus grandes franchises hollywoodiennes en mettant en avant à la fois ses paysages et des incitations économiques attractives, notamment le programme de remboursement des dépenses de l’ADFC. Ce dispositif a déjà séduit des productions majeures telles que Star Wars : Le Réveil de la Force, Fast and Furious 7, Mission: Impossible, Fallout ou encore 6 Underground.
Au total, plus de 180 productions internationales ont déjà trouvé en Abou Dabi un terrain de jeu unique, confirmant la montée en puissance de l’émirat comme hub mondial du cinéma.
L’ambition culturelle d’Abou Dabi
Derrière ces grands tournages se dessine une volonté politique et culturelle : faire d’Abou Dabi une capitale créative. La CMA, créée pour développer un écosystème audiovisuel complet, mise sur la formation (avec creative lab et Arab Film Studio), le financement et le développement des talents locaux.
Image Nation Abu Dhabi, partenaire historique de productions locales et internationales, joue un rôle clé dans ce mouvement. Studio primé aux Oscars, aux BAFTA et aux Emmy Awards, il ambitionne de révéler les imaginaires de la région tout en collaborant avec les plus grands noms mondiaux. L’accueil du tournage de Dune 3 vient confirmer cette ligne directrice : s’ouvrir au monde tout en stimulant la création régionale.
Denis Villeneuve et l’odyssée Dune
Avec ce troisième film, Denis Villeneuve poursuit son adaptation monumentale de la saga de Frank Herbert. Après l’ascension de Paul Atreides et les affrontements épiques contre la maison Harkonnen, le récit devrait explorer plus en profondeur les thèmes chers à Herbert : la tentation du pouvoir, les dangers du messianisme et la complexité des dynamiques impériales.
La franchise a déjà remporté un succès critique et commercial retentissant. Dune (2021) avait glané six Oscars, dont ceux de la photographie et des effets visuels, tandis que Dune : Part Two a confirmé la viabilité d’une saga ambitieuse, mêlant réflexion politique et spectacle total. Legendary et Warner Bros. misent donc sur ce nouvel opus pour consolider l’une des franchises les plus fortes de la décennie.
Le duo Chalamet et Zendaya, nouveaux visages d’Arrakis
Au-delà de la puissance visuelle et des thématiques universelles, la réussite des deux premiers volets de Dune doit beaucoup à son casting, en particulier au duo formé par Timothée Chalamet (Paul Atreides) et Zendaya (Chani). Leur alchimie à l’écran a capté l’attention d’un public mondial, mélangeant intensité dramatique et fragilité émotionnelle. Chalamet incarne avec justesse la complexité de Paul, tiraillé entre destin messianique et doutes personnels, tandis que Zendaya offre à Chani une force magnétique, entre héroïne rebelle et figure intime de résistance.
Leur présence a permis d’attirer un public plus jeune, élargissant considérablement l’audience de la saga au-delà des seuls amateurs de science-fiction. Devenant de véritables icônes culturelles, Chalamet et Zendaya apportent au récit une dimension générationnelle, où l’épopée de Frank Herbert se réinvente à travers des visages qui parlent autant aux cinéphiles qu’aux nouvelles communautés de fans connectés. Dans ce troisième opus, leur duo promet de s’affirmer davantage comme le cœur émotionnel de l’histoire, entre amour, trahison et quête de liberté.
L’impact culturel de Dune : une saga visionnaire
Depuis la publication du roman de Frank Herbert en 1965, Dune est devenu bien plus qu’une œuvre littéraire de science-fiction : c’est un mythe moderne, une fresque qui a façonné l’imaginaire collectif. Ses thématiques, écologie, pouvoir, fanatisme religieux, colonisation et exploitation des ressources, trouvent une résonance d’autant plus forte aujourd’hui, dans un monde confronté aux crises climatiques et énergétiques.
L’influence de Dune est telle qu’on la retrouve dans de nombreuses œuvres postérieures, de Star Wars à Matrix, en passant par les romans de fantasy et les jeux vidéo qui ont repris l’idée de planètes désertiques, de dynasties galactiques ou de peuples opprimés en quête de liberté. Chaque adaptation au cinéma ravive ce culte intergénérationnel, en donnant chair à des symboles aussi puissants que Paul Atreides, les Fremen ou encore l’épice de mélanges, métaphore limpide de la dépendance humaine aux ressources rares.
Le travail de Denis Villeneuve a amplifié cet héritage : en ancrant la saga dans une esthétique réaliste, sensorielle et monumentale, il a su séduire autant les puristes du roman que les nouveaux spectateurs. Ainsi, Dune n’est plus seulement une œuvre culte de science-fiction : il est devenu un miroir culturel et politique, un récit initiatique qui questionne nos sociétés contemporaines tout en offrant une expérience cinématographique totale.
Une production qui dépasse le cinéma
Pour Abou Dabi, accueillir le tournage de Dune 3 n’est pas qu’une question de prestige : c’est aussi un levier économique et culturel. Chaque blockbuster tourné sur son sol génère un impact direct : emplois locaux, retombées touristiques, visibilité internationale. Le désert de Liwa, déjà devenu une destination prisée des fans après la sortie des précédents films, pourrait connaître un nouvel essor en tant que haut lieu cinématographique.
Au-delà de l’écran, c’est donc une dynamique globale qui s’installe : un dialogue entre Hollywood et le Moyen-Orient, entre une saga culte de science-fiction et un territoire bien réel, devenu décor de légende.
En confirmant le tournage de Dune 3 à Abou Dabi, Denis Villeneuve et Legendary Entertainment réaffirment la force d’un mariage singulier : celui entre l’imaginaire de Frank Herbert et les paysages millénaires du désert de Liwa.
Ce choix consacre non seulement la saga comme l’une des plus grandes fresques cinématographiques contemporaines, mais aussi Abou Dabi comme un acteur incontournable de l’industrie mondiale du cinéma. Là où le sable devient décor, et où la fiction rejoint la réalité, une certitude s’impose : Arrakis a désormais une adresse bien réelle, au cœur des Émirats arabes unis.
Ema Lynnx