Une plongée hors du temps, entre archéologie imaginaire et futurisme radical.
Avec NéoPaléo, la Galerie des Ateliers de Paris devient le théâtre d’une exploration sensorielle où le design, affranchi des codes, retrouve la force primitive du geste et la poésie des matières. Une exposition manifeste qui consacre Paris comme capitale mondiale du design expérimental.
Paris Design Week réinvente le design
Paris vibre. Paris scintille. Paris se réinvente.
À la Galerie des Ateliers de Paris, une brèche s’ouvre dans le temps. Jusqu’au 31 octobre, NéoPaléo, l’exposition orchestrée par le duo BehaghelFoiny, propose une expérience esthétique unique : une plongée dans un design organique, tactile et radical. Ici, le design se libère des tendances lisses et aseptisées pour redevenir matière brute, geste instinctif et poésie visuelle.
C’est l’une des expositions les plus marquantes de cette Paris Design Week. J’ai eu le privilège d’échanger longuement avec Antoine Behaghel et Alexis Foiny, fondateurs de l’agence BehaghelFoiny, deux artistes-curateurs d’exception qui rassemblent une génération de créateurs avant-gardistes, profondément respectueux de l’environnement. Leur vision, à la fois poétique et engagée, insuffle à cette exposition une force rare.

Un manifeste esthétique et écologique
L’espace imaginé par Antoine Behaghel et Alexis Foiny n’est pas une simple exposition : c’est un manifeste.
Les créateurs explorent les gestes primaires, redonnant à la main son rôle central dans le design.
« Le design contemporain doit redevenir un terrain d’exploration, affranchi des codes du luxe lisse et des productions standardisées », explique Antoine Behaghel.
« Nous voulions montrer que la beauté naît parfois du chaos. »
L’exposition devient ainsi une capsule temporelle : chaque pièce semble venir d’une civilisation passée ou d’un futur lointain. NéoPaléo ne suit pas les tendances : elle les dépasse.
BehaghelFoiny, duo d’alchimistes
Créé en 2019, le studio BehaghelFoiny s’est imposé comme une force créative majeure. Leur pièce Aluplié, présentée ici, illustre leur philosophie : le métal, habituellement rigide et froid, est froissé et façonné à la main, renversant les codes industriels et réintroduisant l’imperfection comme élément de beauté.
Le duo cultive une esthétique festive et subversive. Leur travail, toujours expérimental, interroge notre rapport à l’objet, au geste, à la matière. Dans NéoPaléo, ils orchestrent une scénographie immersive, presque rituelle, où chaque œuvre semble flotter dans le temps.
Les talents visionnaires : une constellation créative
Apolline Morel-Lab : la sculptrice de lumière
Avec un parcours prestigieux à la HEAR et l’ECAL, Apolline Morel-Lab est déjà une figure incontournable du design d’objets. Sa maîtrise de la pâte de verre donne vie à des pièces sculpturales et sensuelles. « Paléo Pop », pièce phare de l’exposition, révèle son approche unique : un design entre transparence, lumière et architecture.
Alec Vivier-Reynaud : le graphiste-biologiste
Diplômé de l’École des Arts Décoratifs, Alec Vivier-Reynaud incarne une nouvelle génération d’artistes hybrides. Son travail mêle microbiologie, design graphique et expérimentation. Ses pièces vivantes évoluent comme des organismes naturels, offrant une esthétique organique et mouvante. Une vision radicale qui place le vivant au cœur du langage visuel.

Antonin Mongin : le poète des fibres rares
Designer textile et chercheur, Antonin Mongin est une voix singulière du design contemporain. Ses créations repoussent les limites du luxe, intégrant des matériaux inattendus comme les cheveux humains ou le crin de cheval. Son « Tapis Baku » intrigue et bouleverse, témoignant de son approche profondément émotionnelle du design. Antonin réinvente la matière pour mieux raconter l’intime.
Cédric Breisacher : le sculpteur chamanique
Dans son atelier du JAD, Cédric Breisacher sculpte le bois avec une intensité rare. Artiste-artisan engagé, il crée des pièces qui célèbrent le vivant. Son processus, presque rituel, fait du corps humain un outil, transformant chaque objet en totem contemporain.
Clémence Althabegoïty & Karl Mazlo : l’alchimie précieuse
Elle est designeuse-plasticienne, il est joaillier. Ensemble, ils forment un duo visionnaire qui transcende le temps et la matière. Leur projet Chronos, Kairos mêle savoir-faire ancestral et recherche contemporaine, donnant naissance à des pièces rituelles qui semblent chargées d’une énergie mystique.
Dorian Renard : le plasticien du futur
Basé à Marseille, Dorian Renard s’impose comme l’une des voix les plus subversives du design. Sa série The Beauty of Distortion détourne l’acrylique pour en révéler la fragilité et l’empreinte humaine. Sa pièce Actiniaria, translucide et organique, évoque un monde sous-marin futuriste.

Engpiplard : les archéologues du quotidien
Ce duo de designers redonne vie à des objets oubliés, sublimant leur histoire. Leur projet Les bouillotes révèle un design sensible et narratif, où chaque objet devient témoin d’un passé. Leur univers mêle curiosité, recherche et fascination.
Gala Espel : figure montante entre Paris et Tokyo
Figure montante du design français, Gala Espel navigue entre Paris et Tokyo, tissant des ponts entre artisanat ancestral et innovations technologiques. Sa pièce Archéologie du futur illustre son approche raffinée : une esthétique sculpturale qui questionne le temps et les cultures. Une créatrice déjà incontournable à l’international.
Jean-Baptiste Durand : le créateur insaisissable
Designer, scénographe, artiste… Jean-Baptiste Durand brouille les frontières. Sa Dystopian Remains Chair semble tout droit sortie d’un film de science-fiction post-apocalyptique. Son style libre et audacieux en fait une voix forte du design narratif.
Nicolas Zanoni : l’esthétique brute et radicale
Entre Paris et Bruxelles, Nicolas Zanoni explore la frontière entre sculpture et mobilier. Sa Starat Chair est une pièce manifeste, où les gestes bruts révèlent la poésie des matériaux pauvres. Il appartient à cette génération de créateurs qui refusent le compromis.
Sacha Parent & Valentine Tiraboschi : gardiennes des arts décoratifs
Ces deux créatrices revisitent l’ornement contemporain avec une précision artisanale remarquable. Leur travail sur les mécaniques granulaires s’ancre dans l’héritage des arts décoratifs tout en affirmant une modernité intemporelle.

Samuel Tomatis : le pionnier des algues
Chercheur et designer, Samuel Tomatis est un véritable pionnier. Il développe des matériaux innovants à partir d’algues, ouvrant des pistes concrètes pour une production durable. Sa pièce LX 3M est une démonstration poétique de science appliquée au design.
Sarah Roseman : radicalité et douceur
Designer canadienne installée aux Pays-Bas, Sarah Roseman incarne un futur où la durabilité devient désirable. Ses créations, comme Merulina, mêlent textile, sculpture et expérimentation. Une artiste-chercheuse qui transforme la matière en manifeste.
Studio GGSV : laboratoire créatif total
Depuis 2011, Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard explorent toutes les facettes du design : objets, scénographies, recherches. Leur projet sur la « matière noire » issue des déchets a marqué les esprits, confirmant leur rôle de précurseurs incontournables.
Une scénographie immersive
La Galerie des Ateliers de Paris devient une grotte futuriste : lumière tamisée, signalétique organique signée Alec Vivier-Reynaud, ambiance quasi-mystique. L’exposition se vit comme une exploration archéologique du design, où chaque objet a son aura propre.
Le BDMMA, moteur du design parisien
Le Bureau du Design, de la Mode et des Métiers d’Art prouve une fois de plus que Paris est le laboratoire créatif de demain. En soutenant designers émergents et confirmés, il ancre le design parisien dans un dialogue mondial.
Pourquoi il faut voir NéoPaléo ?
Plus qu’une exposition, NéoPaléo est une expérience sensorielle et philosophique.
On y découvre des objets vivants, des matériaux qui racontent une histoire, une vision du design affranchie des tendances. C’est un manifeste poétique, une immersion dans l’avenir du design. NéoPaléo n’est pas une exposition, c’est une exploration. Une plongée dans l’âme du design contemporain, entre artisanat, science et poésie.
Infos pratiques
Galerie des Ateliers de Paris
30 rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris
Du 4 septembre au 31 octobre
Mardi – Vendredi : 10h-18h30
Samedi : 14h-19h
Anne CANDY


































