On pense aux fleurs pour les parfums, mais celles qui embellissent parcs et jardins sont aussi de précieux ingrédients dans la composition des crèmes, gels, laits, sérums de beauté. Voici quelques-unes de leurs vertus à découvrir dans nos vases ou dans notre salle de bains.
En été, les fleurs envahissent les jardins, leurs senteurs flottent dans l’air… la vie reprend des couleurs. Les fleurs ne sont pas seulement belles à voir, elles recèlent bien d’autres vertus que les chercheurs exploitent dans les parfums, bien-sûr, mais aussi dans la cosmétique. Riches en antioxydants, elles contribuent à lutter contre les radicaux libres, certes indispensables au bon fonctionnement de notre corps mais qui, s’ils sont fabriqués en trop grande quantité, sont responsables du vieillissement prématuré de la peau. Autres atouts, elles aident à décongestionner les yeux, effacer les rougeurs, purifier ou illuminer le teint…
Bref, les fleurs ne sont pas que jolies sur l’étiquette, elles ont un vrai rôle à jouer pour la beauté de la peau. Reine incontestée de toutes les fleurs : la rose. Selon la variété, les bienfaits sont multiples. La pivoine, le bleuet, le lys, le calendula, la camomille ou encore, l’immortelle comptent parmi les plus connues et les plus utilisées dans nos crèmes et sérums habituels.
Il ne suffit pas de cueillir un beau bouquet pour avoir un teint sublime, on s’en doute ! Des fleurs, il faut en extraire
les principes actifs utiles pour renforcer les différents produits imaginés par les nombreux chercheurs. La recherche de la beauté, le teint de lys, la peau de pêche sont des éternels dans l’imaginaire collectif. Et les techniques sont nombreuses. On peut ainsi citer les hydrolats, plus connus sous le nom d’eaux florales, qui remplacent parfois l’eau (l’ingrédient principal de nombreuses formules) dans les crèmes, gels et autres laits de beauté.
Il y a aussi les huiles essentielles pour leurs propriétés et leur pouvoir aromatique, les extraits très concentrés en principes actifs, les absolues de fleurs pour parfumer et les pétales qui infusent des formules de lotions, d’huiles ou de masques. Les pétales, si beaux à voir dans un flacon ou un pot, ne sont pas qu’esthétiques, ils renforcent réellement les actifs de la formule.
Les molécules actives (polysaccharides, saponines, flavonoïdes…) contenues dans les pétales ont souvent des propriétés astringentes et aident ainsi à réduire l’inflammation et à soulager les peaux sensibles. Leur forte teneur en eau s’apprécie pour
les soins hydratants. Certaines maisons, comme Douces Angevines, utilisent la macération à température du jour dans de grandes bonbonnes en verre, où les plantes infusent dans un mélange d’huiles végétales. Ce procédé lent et non polluant permet à la plante de transmettre toutes ses vertus sans en altérer la qualité.
Science et nature
La rose, reine des fleurs, l’est sans conteste aussi en cosmétique. Des marques des plus prestigieuses à celles
grand public en font un usage intensif. D’ailleurs, il n’y a pas une rose mais des roses, dont chacune révèle une vertu. Elle est surtout réputée pour être à la fois apaisante et astringente, et prévenir l’apparition des premiers signes de l’âge grâce à sa richesse en acides gras essentiels et en antioxydants. Chantecaille, lancée dans les années 70 par une Parisienne, met en avant la rose de Mai. C’est l’un des éléments phares de son baume démaquillant qui comprend aussi des huiles d’églantier et de tamanu, riches en antioxydants et même des extraits de cellules souches de framboise apaisants et hydratants. Et pour laisser tout le potentiel à la fleur, Chantecaille l’associe à une science innovante, là aussi dans le respect de la planète. Science et
nature se retrouvent en bon compagnonage. Autre maison à utiliser une formule gel infusée d’eau de rose et de pétales de rose, le masque hydratant visage tout simplement appelé Rose Face Mask de Fresh (petite marque artisanale mais précieuse, appartenant à LVMH, et distribuée chez Sephora), une édition limitée de celui lancé il y a 20 ans par Jayde Cardinalli et devenu un produit culte.
Quant à la marque Alors ça Pousse ?, née en Bourgogne Franche-Comté, elle cultive elle-même ses plantes dans son propre jardin en permaculture et assure ses extractions douces en harmonie avec les cycles lunaires.
De quoi certifier la qualité de ses ingrédients.
Coco Chanel avait une fleur fétiche, le camélia. Fidèle à l’esprit de la créatrice, on retrouve cette fleur dans les cosmétiques signés Chanel. Ainsi, en 2009, un premier actif hydratant issu des fleurs de Camellia japonica Alba Plena est intégré à la ligne de soins Hydra Beauty. Dernier produit en date, Hydra Beauty Camellia Repair Mask, aux actifs hydratants et nourrissants du camellia japonica et à l’ extrait de gingembre bleu antioxydant. “Grâce à des procédés technologiques, on peut extraire des molécules très spécifiques, pour la réhydration de la peau et éviter le vieillissement”, explique Nicolas Fuzzati, directeur des
innovations cosmétique de Chanel. Et pour garantir son approvisionnement, Chanel surveille de près leur culture.
Cette maison a, par ailleurs, grandement contribué à pérenniser leur exploitation à Grasse, dont les champs se transformaient peu à peu en jardins de villas de luxe. Une initiative menée avec brio en 1987 par Jacques Polge, alors le parfumeur de la maison, qui signa un partenariat totalement inédit à l’époque avec la famille Mui, connue depuis cinq générations pour son expertise dans le domaine des fleurs.
Vertus hydratantes
C’est au narcisse blanc que la marque Olivier Claire fait appel pour prévenir l’apparition des taches d’hyperpigmentation en réduisant activement la prolifération de mélanocytes. Obtenu à partir du bulbe de la plante, l’extrait de narcisse contribue à apporter un éclat immédiat. Fondée par Olivier Couraud, la marque premium exploite aussi les bienfaits du pollen frais de tournesol et des cellules natives de criste marine, le duo signature des produits.
Du blanc encore mais pour le nénuphar qui a séduit la marque Laura Mercier. Parmi les ingrédients de son eau micellaire un extrait de fleur de nénuphar blanc procure une sensation apaisante pour la peau. En fait, c’est surtout dans les rhizomes du nénuphar que se nichent les vertus de cette fleur. Constituée de polysaccharides, une substance végétale qui gonfle lorsqu’elle est trempée dans de l’eau chaude, celle-ci se transforme en une sorte de gel à la consistance visqueuse, qui possède de grandes
propriétés hydratantes. Autre atout, leur forte concentration en tanins, des molécules antioxydantes qui servent à protéger des radicaux libres, ces fameux responsables du vieillissement prématuré de la peau. Le nénuphar n’est pas beau à voir que sur les toiles de Monet. Yves Saint Laurent Beauté, tout comme Guerlain, adopte une attitude vertueuse et éthique dans le choix de ses fleurs. Elle a créé son propre jardin dans la vallée de l’Ourika, au Maroc, afin de s’assurer que les femmes de
la communauté de Tnine tirent réellement bénéfice de leur travail qui profite, lui, à magnifier la beauté d’autres
femmes. Parmi les cultures de 40 espèces botaniques, dont le romarin, le calendula, la verveine, le safran, on retiendra l’iris dont le rhizome est utilisé pour ses propriétés nettoyantes et astringentes. Une plante aux multiples bienfaits et réputée pour soulager les maux de tête, les céphalées, les ulcères, combattre les bronchites.
YSL Beauté l’a choisi non pour ses qualités médicinales, mais pour ses atouts cosmétiques. L’iris est l’un des ingrédients de son sérum Lines Away pour ses vertus antiradicalaires. Un sérum qui entre dans la nouvelle routine de soin imaginée par Yves Saint Laurent, appelée Pure Shots et destinée aux peaux soumises à l’épreuve de la pollution et du stress oxydatif.
Rose, camelia, narcisse, nénuphar, orchidée, iris, il existe encore bien d’autres fleurs dont on aimerait vanter les bienfaits, comme l’immortelle, dont la richesse en polyphénols antioxydants et cicatrisants, est l’alliée des peaux matures qu’elle lisse et redensifie et dont les propriétés circulatoires aident à préserver la fraîcheur de la peau et à lui donner de l’éclat. Le géto où “fleur du Paradis” est très appréciée en Corée et au Japon. Il se murmure qu’à Okinawa (île au sud du Japon), le géto serait le fameux secret de longévité transmis de siècle en siècle par les habitants de cet archipel-sanctuaire.
Cette fleur est aujourd’hui utilisée pour ses fortes concentrations en resveratrol (un polyphenol connu comme un puissant
antioxydant), flavonoides et stérols pour lutter contre le stress oxydatif qui altère la peau. Déjà quelques marques occidentales se penchent sur ses vertus comme Cinq Mondes, qui la combine à une cosmétologie de pointe. L’orchidée, ses fleurs et ses tubercules, riches en glucides, en polyphénols antioxydants et en minéraux variés (calcium, cuir, fer, zinc et magnésium) possèdent des vertus protectrices et hydratantes. Une fleur pour laquelle Guerlain se passionne dès la fin des années 90.
La maison consacre sept ans à étudier plus de 30 000 espèces et c’est en 2006 que la toute première Crème Orchidée Impériale arrive sur le marché. Guerlain participe d’ailleurs à la replantation de 10 000 orchidées, ces fleurs fragiles, dans la réserve naturelle de Tianzi, dans le Yunnan, en Chine. Cette année, le concentré micro-lift Orchidée Impériale allie la dernière génération de micro-encapsulation au pouvoir des orchidées.
Marie Miller
