Hôtel de Mercy-Argenteau aux Journées européennes du patrimoine

Il est des adresses secrètes dont le simple nom résonne comme une promesse d’élégance. Des demeures parisiennes qui, à l’abri du tumulte, conservent la mémoire des siècles et l’art de recevoir. L’Hôtel de Mercy-Argenteau, inscrit aux Monuments historiques et joyau du quartier des Grands Boulevards, est de celles-là.

Pour la première fois, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine les 20 et 21 septembre 2025, le public est convié à franchir ses portes. Derrière ses façades du XVIIIᵉ siècle, ce n’est pas seulement un hôtel particulier que l’on découvre, mais un univers : celui de L’École des Arts Joailliers, fondée en 2012 avec le soutien de Van Cleef & Arpels, qui y déploie désormais toutes ses activités. Entre histoire, savoir-faire et transmission, ce rendez-vous est pensé comme une immersion totale, raffinée et sensible.

Construit en 1778, l’Hôtel de Mercy-Argenteau est l’un des plus anciens hôtels particuliers préservés du quartier. Une survivance rare dans un Paris qui s’est métamorphosé au fil des siècles. Ses murs racontent la trajectoire d’un homme : Florimond-Claude de Mercy-Argenteau, diplomate autrichien, ambassadeur de Marie-Thérèse d’Autriche à la cour de France et intime conseiller de Marie-Antoinette.

C’est ici que s’écrivait une part discrète de la diplomatie européenne. Mercy-Argenteau n’était pas seulement un observateur privilégié de Versailles : il en fut l’un des rouages les plus fins, informant Vienne de la vie de cour et guidant la jeune dauphine dans les tourbillons d’un règne naissant. Les correspondances qu’il laissa révèlent un homme aussi subtil que stratégique, dont l’influence plane encore dans l’histoire des alliances franco-autrichiennes.

L’Hôtel est ainsi bien plus qu’un décor. Il est un témoin : celui d’une époque où l’art de vivre, la diplomatie et l’architecture se conjuguaient dans une esthétique de la mesure et du faste discret.

Depuis juin 2024, l’Hôtel de Mercy-Argenteau abrite L’École des Arts Joailliers, créée avec l’ambition de démocratiser la culture joaillière. Ses activités embrassent trois grands domaines : l’histoire du bijou, le monde des pierres et les savoir-faire.

Cours d’initiation, conférences, ateliers pratiques, expositions, librairie spécialisée et bibliothèque thématique : tout concourt à faire du lieu une maison de l’art joaillier ouverte à tous, du simple curieux à l’amateur éclairé.

Avec ses antennes permanentes à Paris, Hong Kong, Shanghai et Dubaï, ainsi que ses « sessions nomades » organisées aux quatre coins du monde, L’École incarne une diplomatie culturelle et artisanale unique. En franchissant le seuil de l’Hôtel, on entre dans un sanctuaire où l’exigence de la connaissance se mêle à la poésie des gemmes.

Pour ce premier rendez-vous patrimonial, L’École a imaginé un parcours exclusif où se conjuguent visites, conférences et ateliers. Une programmation pensée comme une passerelle entre mémoire et création, histoire et geste.

De 10h à 18h30, les visiteurs seront invités à une exploration d’1h10, ponctuée d’arrêts dans les salons, escaliers et espaces de réception. À travers ces perspectives, se dessine l’histoire d’un Paris en pleine effervescence diplomatique au XVIIIᵉ siècle.

Mais la visite réserve aussi une plongée fascinante dans l’exposition « Le geste retrouvé : reconstitution du torque celte de Montans ». Cette aventure scientifique et artisanale a mobilisé historiens, archéologues et artisans pour recréer un torque celte en or datant de plus de 2 000 ans. Véritable chef-d’œuvre d’orfèvrerie antique, ce collier interroge par sa virtuosité technique, qui dépasse encore notre compréhension moderne. L’exposition met à l’honneur ce travail de la main, cette intelligence des gestes transmis à travers le temps, une résonance saisissante avec la vocation même de L’École.

À 16h et 16h40, un moment sera réservé aux plus jeunes. En découvrant les outils des joailliers, les enfants apprennent que derrière chaque bijou se cachent des heures de patience, de précision et d’amour du détail. Puis, en suivant l’histoire du comte de Mercy-Argenteau et de ses liens avec Marie-Antoinette, ils plongent dans une fresque où le patrimoine devient conte. Un atelier poétique, à la fois ludique et pédagogique, conçu pour éveiller les sens dès 7 ans.

Les murs parlent aussi à travers les livres. L’historien Léonard Pouy viendra présenter son ouvrage « L’Hôtel de Mercy-Argenteau : un écrin pour l’histoire » aux côtés de Stéphane Pesnel, maître de conférences à la Sorbonne. Ensemble, ils dévoileront les résonances entre ce lieu et l’histoire autrichienne, entre diplomatie et littérature. La figure de Marie-Antoinette, sublimée par la plume de Stefan Zweig, servira de fil conducteur à ce dialogue où l’érudition rejoint l’émotion.

À 15h, une conférence explorera la relation singulière entre Mercy-Argenteau et Marie-Antoinette. Ses lettres, véritables chroniques de la vie de cour, révèlent son rôle central lors d’épisodes marquants tels que l’affaire du collier de la Reine. Caroline Benzaria et Gilliane Bérardini, historiennes de l’art et professeures à L’École, guideront le public dans les coulisses d’un siècle où bijoux et diplomatie s’entremêlaient.

Ce qui distingue cette ouverture, c’est le raffinement de l’expérience. Chaque visite est limitée en nombre, chaque rencontre pensée comme un moment privilégié. Dans un monde saturé de rapidité, L’École propose un luxe rare : celui du temps, de l’attention et de la transmission.

Découvrir l’Hôtel de Mercy-Argenteau, c’est bien plus qu’admirer une architecture : c’est pénétrer dans un espace où l’histoire diplomatique rencontre l’artisanat d’exception, où la mémoire d’un collier celte dialogue avec la création contemporaine, où l’on apprend à voir différemment.

Ce week-end est également marqué par la présence du Forum Culturel Autrichien Paris, partenaire de la rencontre littéraire. Fidèle à sa mission d’encourager les échanges culturels, le Forum inscrit cet événement dans une continuité historique entre Vienne et Paris, entre Marie-Thérèse, Marie-Antoinette et les liens d’hier comme d’aujourd’hui. Une manière de rappeler que le patrimoine, comme la joaillerie, est toujours façonné par les circulations et les regards croisés.

• Dates : samedi 20 et dimanche 21 septembre 2025

• Lieu : Hôtel de Mercy-Argenteau, 16 bis boulevard Montmartre, Paris 9ᵉ

• Activités : visites guidées, expositions, conférences, ateliers enfants, rencontres littéraires

• Horaires : 10h – 18h30 (dernière visite à 17h20)

• Accès : gratuit sur réservation via lecolevancleefarpels.com

Victime de son succès, le site de réservation affiche souvent complet plusieurs jours avant l’événement. Toutefois, il est conseillé de ne pas renoncer : des désistements de dernière minute permettent régulièrement d’accéder aux activités. Un passage sur place peut donc réserver de belles surprises.

Les Journées européennes du patrimoine 2025 offrent cette année l’occasion rare de pousser la porte d’un hôtel particulier parisien habituellement fermé au public. Mais à travers L’École des Arts Joailliers, c’est une expérience bien plus profonde qui se dessine : un voyage à travers le temps, où les gestes des artisans celtes rencontrent ceux des joailliers contemporains, où la diplomatie du XVIIIᵉ siècle dialogue avec la création joaillière d’aujourd’hui.

Dans l’intimité feutrée de l’Hôtel de Mercy-Argenteau, le visiteur est invité à une expérience esthétique et intellectuelle qui incarne l’art de vivre à la française : alliance du savoir, du raffinement et de l’ouverture au monde. Un moment suspendu, un rendez-vous rare, un luxe discret.

Ce week-end de septembre sera plus qu’une visite : une célébration de l’héritage, de la beauté et de la main de l’homme, qui façonne aussi bien les pierres précieuses que la mémoire des lieux.