Créé en décembre 2023 avec pour dessein de rassembler des femmes amoureuses de l’automobile, de la moto ou de l’aviation, le Women’s Motor Club cultive l’excellence mécanique autant que les liens d’une sororité moderne. La fondatrice, Mylène Dorange, organise régulièrement des activités dédiées et s’implique dans les événements qui suscitent l’intérêt de ses membres.
Le temps d’un week-end au Mans Classic, le Women’s Motor Club a convié Luxe Infinity à partager un moment de convivialité et à découvrir les valeurs qui fédèrent ces passionnées aux profils multiples.
Sans le Women’s Motor Club, leurs routes auraient très bien pu ne jamais se croiser. Leurs origines géographiques sont diverses, autant que les tranches d’âge auxquelles elles appartiennent. Et que dire des activités professionnelles dans lesquelles elles évoluent ? Les membres du club peuvent aussi bien être pilotes ou mécaniciennes que travailler dans l’immobilier ou le monde de la musique. Peu importe d’où elles viennent et ce qu’elles sont, la passion pour la mécanique sous toutes ses formes les fédère.
Nous les avions rencontrées une première fois lors d’une soirée dans la boutique Breitling de la rue de la Paix : trois membres du club avaient pris la parole pour raconter leur parcours et commenter leurs expériences. Visiblement, un lien invisible était déjà tissé entre les membres de ce cercle, fondé et présidé par Mylène Dorange, journaliste spécialisée dans les sports mécaniques. Présentatrice pour La Chaîne L’Equipe, la jeune femme anime aussi son propre média sur les réseaux sociaux, My Gasoline, en compagnie de Valentin Simonet.

Il y a un an et demi, naît en elle le désir de s’affranchir de ce milieu auto-moto, trop souvent entre les mains des messieurs. « L’idée du Women’s Motor Club m’est venue après de nombreuses invitations à l’Automobile Club de France, raconte la fondatrice. J’étais séduite par le concept d’un endroit où les passionnés d’automobile pouvaient se réunir aussi bien autour d’un déjeuner que d’un rallye automobile. Ce lieu étant historiquement réservé aux hommes, j’ai pensé qu’il était temps de créer notre propre club et d’asseoir notre présence dans ce secteur ultra concurrentiel. ». Au bout d’un an, le Women’s Motor Club compte 30 membres, puis 75 à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Cependant, l’objectif n’est pas qu’il grossisse démesurément et Mylène Dorange se réserve le droit, avec d’autres membres fondatrices, d’étudier avec attention chaque candidature et d’évaluer les motivations des postulantes. Pour autant, le groupe n’est pas fermé. Bien au contraire. Le mantra de celles qui l’ont créé reste le partage. Le Women’s Motor Club se veut un espace d’échange, de collaboration et de développement pour les femmes, autour de rencontres, de tables rondes, de Networking. Mais aussi, autour de moments conviviaux tels que dîners, road trips, visites d’usines, découvertes d’événements de type motosport.
Lors du Mans Classic, rendez-vous d’automobiles sportives anciennes sur le célèbre circuit sarthois, le Women’s Motor Club a invité Luxe Infinity à partager l’expérience avec une vingtaine de ses membres. Celles qui partaient de la région parisienne se sont retrouvées le vendredi matin autour d’un café à Boulogne, avant de prendre la route en convoi, voitures comme motos. A l’arrivée sur le site du camping du Mans Classic choisi pour le campement, les véhicules sont garés en cercle : Delahaye, Jaguar Type E, Porsche 911S, Lancia Delta Intégrale, Mercedes 500 SL, 205 CTI, Golf cabriolet, sans oublier les motos vintage. Autour, des tentes sahariennes ont été installées, que Mylène Dorange fait rapidement démonter et remonter : pour la présidente du club, ces tentes sont trop espacées et ne créent pas cet espace de convivialité qu’elle avait imaginé.
Depuis des semaines, Mylène et son équipe préparent minutieusement cet événement, le plus important de l’année pour le Women’s Motor Club. Rien n’est donc laissé au hasard, d’autant que Mylène est perfectionniste. Entre deux interviewes qu’elle accorde à TF1, France 3 ou la presse écrite régionale, elle veille au grain. Les tentes sahariennes sont placées selon ses directives, le mobilier y est installé pour la nuit : deux lits par tente, tables de chevet, et même des étagères pour les tenues du soir et du week-end. Car les membres du club n’oublient jamais cette féminité qui les caractéristique tout autant que leur passion pour les engins motorisés. En un instant, elles troquent jean’s ou équipement de motarde contre t-shirt et short, le temps d’une visite des stands du Mans Classic, puis contre une petite robe pour la soirée.
Sur le campement, chacune s’affaire pour transformer l’expérience en « glamping » : du camping certes, mais avec une touche de glamour. Une longue table est dressée au centre, avec nappe en tissu, vaisselle en porcelaine, bougies LED, vases de fleurs naturelles… Le décor est campé, la soirée peut commencer. A l’apéritif, un atelier spritz permet à chacune de choisir le spiritueux qu’elle préfère ou une boisson sans alcool. Pendant ce temps, un braséro a été allumé avec une sélection de viandes et de brochettes. Ce soir-là, ce sont les messieurs qui sont au service : installation des tentes, préparation des buffets, prises de vue pour immortaliser le moment.
A table, les convives sont 100 % féminines. Mylène Dorange demande à chacune de se présenter : Marion est pilote de ligne, tandis qu’Agna travaille dans les transports logistiques ferroviaires et que Julia entame des études de design auto. Parmi celles qui ne faisaient pas partie du convoi parisien : une deuxième Marion dirige une maison de ventes aux enchères de voitures de collection à Lyon ; Céline vient de monter un atelier de peinture auto-moto dans le Bassin d’Arcachon ; Christine a quitté la France pour Genève, après trente ans dans les sports mécaniques nautiques. D’autres membres du Women’s Motor Club évoluent dans des secteurs d’activités qui n’ont rien à voir avec leur passion pour l’auto, la moto ou les avions.
Ainsi, Laurence est architecte – d’extérieur et d’intérieur, comme elle le précise – ; tandis que Mathilde évolue dans l’industrie musicale et organise notamment le festival Cabourg mon amour. Membre fondatrice, elle fait bénéficier le club de son expérience de gestionnaire. Tout comme Audrey, attachée de presse, qui se charge de faire connaître ce cercle féminin et l’aide à rayonner. « Je n’ai jamais vu un groupe de femmes aussi bienveillantes », lance avec fierté Mylène Dorange. La présidente insiste sur ce sens du partage qui les soude. Elle-même donne en permanence l’exemple : sans son implication et son relationnel dans le milieu du sport automobile, beaucoup de portes n’auraient pas pu s’ouvrir pendant ce week-end au Mans. La présidente a fait en sorte que son groupe puisse non seulement, assister aux courses du Mans Classic, mais aussi accéder à la grille de départ, aux stands, aux paddocks. Certains membres, tirées au sort, ont même vécu des baptêmes avec la Lancia Delta Intégrale de Mylène, voire des tours en BMW et Ferrari sur le grand circuit.
Sans compter l’expérience dans les coulisses du concert public que Kavinsky avait donné sur la pelouse de l’événement, le vendredi soir. Après la prestation de cet artiste français de musique électronique, rendu célèbre par sa chanson Nightcall, les filles du Women’s Motor Club ont pu longuement s’entretenir avec lui et poser pour des séances photos improvisées, dans une bonne humeur mâtinée de plaisanteries.
La nuit était déjà bien avancée quand la petite bande est allée voir tourner les autos depuis les gradins. Les plus téméraires sont parvenues à les voir évoluer depuis un paddock, prétextant un besoin pressant pour tromper la vigilance des vigiles… Une anecdote qui résume à elle seule l’état d’esprit que Mylène Dorange a su insuffler au groupe : une solidarité féminine sans pour autant se prendre au sérieux, la passion pour les sports mécaniques et les moteurs en tous genres mais en fuyant tous les stéréotypes qui pourraient être appliqués à un club de femmes.
Carine Lœillet
Photos : Quentin Dherbilly et Carine Lœillet