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Sculptures de lumière

Sculptures de lumière

Si la vocation de la joaillerie est de magnifier les gemmes sur un bijou, elle sait aussi se réinventer. De nouvelles technologies interviennent aujourd’hui dans le processus de création et cohabitent harmonieusement avec la tradition lapidaire. Parfois déroutantes, toujours surprenantes, les pièces ainsi réalisées brillent d’un éclat mystérieux qui les rend fascinantes.
PAR CARINE LŒILLET
Au croisement entre art et science, la nouvelle marque suisse The Rayy bouscule les codes de la joaillerie et la fait entrer
dans une nouvelle ère, où se mêlent lumière, miroirs, messages secrets et personnalisation. Une joaillerie à deux visages, qui affiche au premier abord son design contemporain, puis dévoile une part de son mystère sous la lumière.
The Rayy est née dans l’esprit de deux scientifiques de l’EPFL (École Polytechnique Fédérale de Lausanne) qui cherchaient à reproduire les reflets ondulant sur l’eau. Après huit ans de recherche, ils ont mis au point un algorithme exclusif et breveté.

THE RAYY. BAGUES FACETS EN OR ET MIROIR
THE RAYY.
BAGUES FACETS
EN OR ET MIROIR

S’appuyant sur une simulation optique avancée et des outils de haute précision, cet algorithme permet de révéler des mots
et symboles cachés. Cette innovation sculpte la surface d’un bijou pour y encoder une image. Lorsqu’une source de lumière rencontre cette surface poli-miroir, qu’il s’agisse de lumière naturelle ou artificielle, l’image se reflète comme par magie et crée la surprise. A condition cependant que le possesseur du bijou décide d’exposer sous un rayon lumineux cette partie miroir et dévoile ainsi la création cachée. Dans la première collection Geometry lancée par The Rayy, ce message révélé était
un simple mot – Love, Super, Muse… La seconde collection Facets enferme une création en collaboration avec l’artiste catalane Blanca Miró Skoudy. Inspirée par le surréalisme, Blanca Miró Skoudy partage la fascination de The Rayy pour les miroirs, des antiques miroirs magiques chinois aux miroirs des surréalistes. Leur surface sculptée et polie est l’élément phare de ces pièces contemporaines et anguleuses, qui font appel à la technologie de sculpture de lumière Rayform. Si la partie du bijou où se cache l’image est en or issu de sources responsables sur la ligne Geometry, The Rayy a choisi l’acier inoxydable associé à cet or pour la nouvelle collection Facets. Blanca Miró Skoudy a créé quatre portraits singuliers, inspirés des éléments, pour représenter quatre personnalités : Wild as a Hurricane, Hot as the Sun, Solid as a Rock, Moody as Waves.

La lumière révèle la facette cachée

Chacune des pièces de cette collection peut être personnalisée : l’artiste a conçu un procédé qui permet de créer son autoportrait surréaliste. Accessible depuis le site therayy.com ou le compte #Instagram de la marque, un miroir virtuel offre aux clients la possibilité de personnaliser leur propre portrait à l’aide de filtres évoquant les quatre thèmes de la collection. Une fois le portrait choisi, il peut être encodé sur une des pièces de la collection. L’invention de The Rayy élève le miroir au rang de pierre précieuse. Il devient une fenêtre sur une réalité parallèle et augmentée. Les rayons du soleil donnent vie à cette facette secrète, entre oeuvre d’art et identité cachée.

Ce n’est pas une, mais 88 facettes, que la maison Chaumet a choisi de mettre en lumière avec la nouvelle taille de diamant qu’elle a dévoilée à l’automne : la Taille Impératrice. Une taille inédite, dont la table forme un polygone. Cette forme à six
côtés évoque les alvéoles des rayons de miel, les iconiques nids d’abeille de la collection Bee My Love, revisités dans un esprit moderne et abstrait. Les diamantaires de Chaumet ont imaginé cette pierre taillée en 88 facettes – comme une double évocation de l’infini -, qui semble décupler la réfraction de la lumière et l’éclat des diamants, plus intense que celui d’une taille brillant classique. Le scintillement et les feux du diamant Taille Impératrice attirent le regard, comme la promesse d’un rayonnement singulier.

 

Le diamant est aussi au centre de la dernière ligne de haute joaillerie signée Chanel, Collection N°5, qui célèbre les cent ans du parfum éponyme à travers 123 pièces d’exception. C’est la première fois qu’une collection de haute joaillerie met en scène un parfum sous toutes ces facettes. Elle marie le parfum N°5 de 1921 et l’unique collection de haute joaillerie imaginée par Gabrielle Chanel en 1932, qui était exclusivement composée de diamants montés sur platine.
Collection N°5 décline les symboles liés au célèbre parfum : le chiffre 5, les fleurs qui composent cette fragrance, son sillage, le flacon et son bouchon. Pour illustrer la transparence de ce bouchon, le cristal de roche ourlé de diamants s’imposait comme une évidence.
Parmi toutes ces pièces extraordinaires, l’une d’elles tient une place à part : le collier 55.55. D’une part, parce qu’il est exceptionnel ; d’autre part, parce qu’il n’a pas été imaginé pour être vendu mais pour être conservé dans le patrimoine de la maison Chanel. Ce collier reprend la forme du parfum, le profil du bouchon et une chute de diamants qui évoque la fragrance. Mais surtout, il arbore en son centre un diamant de 55,55 carats taillé sur mesure en octogone – taille émeraude – et de qualité D Flawless. Tous les superlatifs ne suffiraient pas à décrire cette création fascinante autant qu’impressionnante, qui dégage une lumière éblouissante.

CHANEL JOAILLERIE. COLLIER 55.55 EN FORME DE FLACON N°5, ORNÉ EN SON CENTRE D’UN DIAMANT TAILLÉ SUR MESURE DE 55,55 CTS, QUALITÉ D FLAWLESS
CHANEL JOAILLERIE.

 

Opalescence et holographie

Associée au diamant, une pierre mystérieuse se distingue aussi par sa manière de refléter la lumière : l’opale, pierre fétiche de Victoire de Castellane, directrice artistique de la joaillerie Dior. Il est rare qu’une de ses collections ne compte pas au moins une pièce ornée d’une opale. Elle a même imaginé une ligne entière pour la mettre à l’honneur, baptisée Dior et d’Opales. Sur la bague Etincelante Opale, la pierre ornementale est entourée de diamants taille brillant de différentes dimensions, comme
parsemés de chaque côté du cabochon d’opale, qui déploie ses feux et ses reflets sur les pierres précieuses. “Je trouve que le diamant est une pierre merveilleuse pour mettre en valeur l’opale, explique Victoire de Castellane. Elle en renforce l’aspect givré, comme si ses couleurs s’étaient figées dans une goutte d’eau gelée”. Directrice des Créations Boucheron, Claire
Choisne s’est aussi intéressée à l’opale dans sa collection de haute joaillerie Carte Blanche Holographique. Elle lui a même consacré un chapitre baptisé Opalescence, défini comme une “vague lumineuse qui parcourt un matériau translucide de reflets irisés”. La parure Opalescence met en scène l’opale de manière spectaculaire : un collier multirangs de billes d’opale fermé par une broche, véritable sculpture d’un poisson combattant aux nageoires travaillées selon la technique du plique-à-jour.

DIOR JOAILLERIE. BAGUE ETINCELANTE  OPALE OR OR ROSE,  DIAMANTS ET OPALE.  COLLECTION DIOR ET D’OPALES.
DIOR JOAILLERIE.

Dans le chapitre Illusion, ce sont aussi des opales qui sont au centre d’un trio de bagues, dont une opale blanche d’Ethiopie entourée de pierres multicolores.
Quant au chapitre Holographique, qui a donné son nom à l’ensemble de la collection de haute joaillerie Boucheron, il célèbre la magie de la lumière sur la matière. Claire Choisne a imaginé un traitement holographique sur le cristal de roche, une technique mise au point grâce au savoir-faire de Saint-Gobain. Elle a collaboré avec l’industriel pour transposer en joaillerie les teintes et la magie d’un arc-en-ciel ou d’une aurore boréale.
Le procédé consiste à projeter à haute température une pluie d’oxydes de métaux
précieux réduits en poudre, puis fondus, sur de la céramique ou du cristal de roche. Le résultat est spectaculaire autant qu’inédit. Il prouve que l’éclat des pierres naturelles n’est pas la seule manière de permettre à la lumière de s’épanouir sous toutes ses facettes.

BOUCHERON. COLLIER OPALESCENCE SERTI  D’UNE OPALE BLANCHE OVALE  CABOCHON D’ETHIOPIE  DE 71,69 CTS, D’UNE OPALE  BLANCHE POIRE CABOCHON  D’ETHIOPIE DE 46,91 CTS ET  DE BILLES D’OPALES AVEC  LAQUE, SUR OR ROSE
BOUCHERON.